• Demandez et vous recevrez…
• Dieu peut-il se lasser de pardonner ?
• Dieu ne punit ni ne venge…








Les autels ne fument que de l'encens des malheureux.

Proverbe chinois

On aime tant Dieu quand on a besoin de lui !

Marivaux

La prière est exclusion de la tristesse et du découragement.

Evagre le Pontife




 

 

 


 

Ainsi soit-il !

Prières…

   

– « Demandez et vous recevrez… »
Mais encore faut-il toujours demander avec sagesse pour soi.

– « Accordez-moi, Grands Dieux, ce qui m'est nécessaire
Soit que je pense ou non à vous le demander,
Et si de mes désirs l'objet m'était contraire,
Daignez, Grands Dieux, daignez ne pas me l'accorder… »

Se ranger à la volonté divine, l'accepter comme telle car seule guide de nos vies dans cette acceptation de la sagesse et de l'équité de Dieu « car Il sait ce qui nous est nécessaire avant que nous le demandions… » [Jésus]

Prier, est-ce seulement se tourner vers Dieu dans les moments difficiles des vies, lorsque, écrasés et perdus, on ne sait plus à qui s'adresser pour obtenir et recevoir encore ?
Certes, il y a la prière des instants de déchirement, de souffrance, de désarroi, ces moments de désespoir, de grande crise, d'affolement où l'âme chavire sous les coups de boutoir d'un destin trop lourd, et il n'est pas interdit de s'adresser à Dieu pour exprimer sa détresse. Souvenons-nous de Jésus au mont des Oliviers où les disciples l'avaient suivi :

« …arrivé sur place il leur dit : – "priez pour ne pas tomber au pouvoir de la tentation…" et il s'éloigna d'eux à peu près à la distance d'un jet de pierre. S'étant mis à genoux il priait disant : – « Père, si tu veux écarter de moi cette coupe… Pourtant que ce ne soit pas ma volonté mais la tienne qui se réalise !" Alors lui apparut du Ciel un ange qui le réconfortait.
Pris d'angoisse, il priait plus intensément… Se relevant de sa prière, il trouva ses disciples encore endormis… » [d'après Luc 22 - v. 40 à 44]
« et il dit à Pierre : "Simon, tu dors ? Tu n'as pas eu la force de veiller une heure ? Veillez et priez, pour ne pas rentrer en tentation : l'Esprit est fort, mais la chair est faible… Puis il s'en alla de nouveau et pria en disant les mêmes paroles. » [Marc 14 - v. 37 à 40]
Les apôtres ont failli à leur mission, car ils n'ont pas soutenu Jésus dans cet instant difficile : ils ont été… "endormis" alors qu'ils auraient dû demander à Dieu de leur donner la force de résister à cette "fatigue" soudaine et montrer à Jésus qu'ils étaient solidaires… il n'en a rien été : Ils l'avaient déjà abandonné…
« De nouveau, il vint et les trouva endormis car leurs yeux étaient alourdis… une troisième fois, il revint et leur dit : "Désormais, vous pourrez dormir et vous reposer : c'en est fait, l'heure est venue… […] Levez-vous ! Allons !" » [Marc 14 - v. 41]

 

– « Oui, Seigneur, aie pitié de moi… donne-moi… »
Mais pourquoi ne pas se souvenir, dans les moments de bonheur et de paix, de la main qui s'est tendue pour -sans attendre- offrir, porter et soutenir ?…

Alors qu'il faudrait tant dire :
– « Seigneur, merci pour les joies dispensées, pour les bonheurs reçus, pour la Lumière que tu as projetée sur mon chemin pour éclairer mes pas…
Seigneur, merci pour tout ce qui m'a été donné dans la tendresse, dans la beauté ; merci pour ce pain de vie que tu as offert à mon attente alors que je n'espérais plus !… »

Je crois que la seule prière à formuler pour soi doit être une demande d'aide pour supporter ses épreuves avec courage et résignation, pour comprendre le sens des gestes à faire afin de ne pas dévier d'un chemin de vie de valeur, afin de pouvoir être dans sa vie de tous les jours, compatissants, compréhensifs, charitables…

Ah ! comprendre enfin le sens des mots : aider… aimer… admettre… tolérer… donner… pardonner !…

Arriver enfin à la "prière offrande" formulée pour l'autre, car là est le but définitif de cet élan de l'âme qui, par son intercession, pourra apporter aux désemparés les secours spirituels nécessaires à leurs vies.

« Demandez et vous recevrez… »
N'est-ce pas à travers l'offrande faite à l'autre, à travers son abnégation, son propre sacrifice, que l'on recevra plus encore, et on se grandira plus encore, car le don sans réserves, dans l'oubli de soi, est le premier pas vers l'élévation.
Puissions-nous nous souvenir qu'aucune prière, si fervente soit-elle, ne pourra, si nous n'en sommes pas dignes, nous faire obtenir une faveur, car nous recevons toujours en fonction de nos mérites. Il est donc important de toujours espérer en être digne.

Est-ce alors à dire que Dieu n'accordera ses faveurs qu'à ces êtres méritants ? Le penser serait détruire toute notion de sa bonté et de sa miséricorde et serait le considérer comme moins bon que l'Homme puisqu'il se détournerait de celui qui l'aurait contrarié ou offensé, allant ainsi à l'encontre de ce précepte fondamental que la religion chrétienne enseigne : pardonner à ses ennemis.

Si Dieu est, comme je le pense, infiniment bon, infiniment juste, peut-il se lasser de pardonner, peut-il refuser son aide à ceux qui la lui demandent ?
Par ailleurs, et a contrario, devons-nous penser que Dieu est si bon que, dans la faiblesse, il acceptera toutes les exactions et partant, devons-nous, en nous appuyant sur ce critère, juger indifférent de bien ou mal agir ?

C'est là qu'intervient le libre-arbitre que Dieu a donné à chacun comme un bien précieux. De lui dépendra le sens de nos actions et si notre prière ne peut obtenir de Dieu qu'il change l'ordre établi par nos propres décisions, avant notre retour sur Terre, elle pourra cependant nous offrir en retombée la force de l'acceptation de ce qui semble être improductivité et échec.

Ne demandons donc à Dieu que des choses justes sans nous méprendre sur le sens de sa bonté qui ne punit, ni ne se venge…

Dans les épreuves de la vie, ne l'incriminons pas, car il nous protège sans cesse.
N'y a-t-il pas un proverbe qui dit : « aux brebis tondues Dieu mesure le vent… » ?

La prière sincère nous donnera la force de l'affrontement, et parce que notre travail et notre propreté morale sont aussi des prières, nous bénéficierons des conséquences toutes simples de nos efforts.
Alors, que le découragement ne soit pas notre lot devant ces "coups du sort". Il nous faut nous résigner en acceptant l'épreuve, mais sans capitulation. Il importe, au contraire, de continuer à persévérer pour atteindre le but fixé, car n'a-t-il pas été dit que le Ciel aidait ceux qui s'aidaient eux-mêmes ?

marcelle olivério