archange Raphaël…

 
   

« D'où viens-tu, mon bébé, mon enfant adoré ?
Tu souris en dormant au nid de tes dentelles
Puis tu ouvres les yeux… Ton regard égaré
Semble chercher en vain des lumières plus belles
Que celles qui éclairent ton univers ouaté…
As-tu surgi soudain d'un néant flou et noir
Ou viens-tu de quitter d'éternelles beautés
Qui emplissaient ton rêve de splendeurs et d'espoir,
Car il vient de passer comme un peu de regret
Dans ta prunelle bleue qui tout à coup s'attriste ;
Et il me semble y voir le reflet mordoré
Des lueurs d'or diffuses d'un plan où rien n'existe
Que douceur et clartés et envolées d'amour… ?
Ah ! que ne peux-tu dire, exprimer et décrire
Les spirales étoilées qui dansent à l'entour
En t'entraînant heureux et ravi, dans un rire !… »

« Je viens des fonds lointains de l'univers immense
Où nous nous sommes déjà tant de fois retrouvés,
Où nous avons souvent reçu la récompense
Des efforts accomplis, des repentirs prouvés.
Parti des ombres denses de plans durs et glacés
J'ai volé, emporté sur l'aile de l'espoir,
Vers des clartés brillantes… Tu m'as déjà bercé
Pour apaiser ma crainte aux heures de désespoir
Mais, sais-tu combien de fois
Je t'ai serrée dans mes bras
Pour dissiper tous tes émois ?…
Non !… tu ne t'en souviens pas !…
De la tombe inhumaine j'ai laissé le silence
Qui écrasait ces corps tant de fois délaissés
Et me suis retrouvé, heureux, plein de puissance
Dans des plans où vibraient les plus belles pensées.
Spirales enchantées tourbillonnant sans fin,
Et soleils éclatants brillant de mille feux !…
Plus de jours, plus de nuits !… présent et lendemains
Se fondant dans un rêve auréolé de bleu…
Les espaces radieux d'une terre nouvelle
Déroulaient leurs splendeurs devant mes yeux ravis ;
Je voguais sous la voile d'une blanche caravelle,
Ebloui, comprenant qu'ayant enfin gravi
Les marches et les plans de l'escalier étroit
Taillé au flanc rugueux des montagnes sauvages
De souffrance et d'épreuves, j'allais avoir le droit
D'atteindre et découvrir plus loin d'autres rivages.
Mais il m'a fallu pour cela errer longtemps
Dans ces vastes prairies où naissent les regrets,
Mais où les heures ne sont qu'un éternel printemps.

Pour t'offrir ce printemps, avec tous mes secrets,
Je suis donc revenu aux portes de la Terre,
J'ai repris le chemin qui menait à tes bras…
Le voile de l'oubli alourdit ma paupière,
Je souris à mon rêve… toi, tu chantes tout bas.

Ferme doucement la porte
Quand je dors dans mes dentelles,
Et si ton amour me porte
Puisse ma vie être belle ! »

                                                               Raphaël Archange
                                                               médium : marcelle olivério

 

 

Dans le ciel gris d'automne des nuages se traînent
Sur le champ de repos où gisent tant de vies ;
Le vent, lugubrement, siffle et hurle sa peine,
Des croix tordues se penchent, un oiseau passe et crie…

De longs lambeaux rouillés s'accrochent aux ramures
Et des coulées d'or pâle inondent les tombeaux,
Les tombes éventrées et les fosses obscures…
La brume s'effiloche sur le bois des rameaux…

Silencieux, compassés et des fleurs plein les mains,
Ils sont venus nombreux accomplir leur devoir ;
Les gerbes, les bouquets, cadeaux sans lendemains,
Exhalent leur beauté dans la pâleur du soir.

Immobile et pensif, venu des fonds lointains
D'un pays inconnu aux étranges lumières,
Un spectre silencieux regarde et tend les mains
Vers ces élans qui montent en ferventes prières.

Les regrets qui s'expriment et font couler des pleurs
Semblent désaccorder l'harmonie de ces lieux.
Nul ne sait que la mort est suivie des bonheurs
Offerts dans l'Au-delà, dans un autre milieu.

« Ecoutez, » leur dit-il « écoutez, vous que j'aime,
Vous pleurez face aux pierres moussues des tombeaux
Sur la vie arrêtée, sur le visage blême
Du défunt qu'éclairaient de sinistres flambeaux.

Pourquoi pleurer encore quand, sorti de ses cendres,
L'être, comme le Phénix qui renaît à la vie,
S'est élancé enfin, commençant à comprendre
Que la tombe lui offrait les clés de l'Infini.

J'avais, c'est vrai, plongé jusqu'au fond de l'obscur,
Jusqu'au fond de l'horreur que je ne voulais pas.
Où était mon soleil ? et où était l'azur ?…
Où était la lumière qui éclairait mes pas ?…

Enfermé dans le froid qui glaçait mes ténèbres,
Me fallait-il rester dans l'ombre sépulcrale
Reposant à jamais sur la couche funèbre ?…
Mes jours se sont enfuis dans un cri et un râle !…

Enfoncé dans ma nuit au creux profond du temps,
Je vis venir vers moi des silhouettes blanches
Qui me tendaient les mains en me disant : “Enfant,
Relève-toi bien vite car l'Infini se penche

Sur ta couche d'horreur pour t'emmener bien loin
Vers les cieux infinis où l'amour vit et vibre,
Dans ce monde de paix où tu nous as rejoints,
Où tu vas enfin rire et vivre en être libre.

Tu pensais que la Terre était ta seule patrie,
Que l'amour qui s'offrait à ton cœur éperdu
Etait le havre doux et l'éternel abri…
L'été a ricané sur ton espoir perdu

Et l'âme chancelante et rongée par le doute
Tu regardais au loin en sondant l'Invisible,
L'Infini et l'Obscur d'où tombaient goutte à goutte
Des messages puissants aux reflets de possible.

La mort te regardait et t'attirait à elle ;
Il te fallait descendre l'escalier de la tombe
Et dans l'obscurité sinistre et solennelle
Tu ne voyais pas même les ailes d'une colombe

Qui s'ouvraient devant toi en éclairant ta nuit.
La mort avait jeté un crêpe sur l'horizon !…
Dans l'ombre frissonnante où le regret fleurit,
On a fermé sur toi la porte d'une maison… »

On naît, on passe, on meurt,
Et dans le tourbillon sinistre des rumeurs,
Aux échos des soupirs, des sanglots et des pleurs,
Dieu a fermé le livre… c'est l'heure !…

Car Dieu lit dans le livre de la Vie, et lorsqu'il a fait un pli à l'angle d'une page, l'homme, comme un bateau ivre, s'en va vers le rivage où la mort le délivre !

A l'horreur de la tombe succède la lumière,
La douceur de l'aurore couvre le cimetière
Et des flambeaux dispersent des étoiles…
Le navire hésitant a hissé sa grand-voile

Pour cingler vers le havre où l'harmonie ruisselle
Sous des soleils brillants… »
L'Esprit s'est évadé de son monde effrayant
Et rejoint le grand Tout où notre voix l'appelle.

Dans les plis du linceul sont restés les ennuis
Et Dieu offre alors à l'être qu'Il dédouble,
En lançant son Esprit au-delà de la nuit,
Le bonheur d'un moment inexprimable et trouble
Car, dans l'apothéose de milliers d'étoiles,
Il a jeté, comme un immense voile,
Son amour infini…

Dans le champ de repos où dorment tant de vies,
Le corps abandonné sent vivre en son orbite,
Dans la terre glacée, sous la pierre qui s'effrite,
Les vers qui le hantent et qui rongent sa nuit…

Immobile, silencieux, venu des fonds lointains
D'un pays inconnu aux étranges lumières,
Un spectre enfin heureux vient de croiser les mains
Pour reconnaître Dieu en lançant sa prière…

Dans le ciel gris d'automne des nuages se traînent ;
Le vent, lugubrement, siffle et hurle sa peine…
Dans l'ombre qui s'étend un oiseau passe et crie…
Des croix tordues se penchent… mais un Esprit sourit…

                                                               Raphaël Archange
                                                               médium : marcelle olivério

 

 

Dans l'univers profond des galaxies sans nombre,
Figures vaporeuses aux corps nimbés d'argent,
Ils flottent et errent et volent, silhouettes sans ombre
Qui traversent l'azur, des mondes au firmament.

La terre était glacée et le cercueil trop noir,
Et les voiles de deuil qui dansaient dans le vent
Semblaient accompagner la chute d'un espoir
Qui s'était effrité au choc de durs tourments.

Ballet dansant des ombres qui enveloppe et porte
Des êtres égarés, hagards et chancelants
Qui recherchent la Terre, le monde et la cohorte
Des Humains qui se perdent en souillant des élans.

La tombe était glacée et le cercueil trop noir !…
Ils se laissent emporter par des mains attentives ;
Le chagrin de leurs cœurs s'exprime dans le soir
Tandis que monte au ciel la prière plaintive
De ceux qui les appellent en pleurant le départ.
La terre est écrasée mais les cieux sont mouvants ;
Des Esprits sont venus nombreux, de toute part,
Pour accueillir ces frères en gestes émouvants,
Pour leur dire leur joie et dire leur bonheur
De pouvoir en ce jour, après la longue attente,
Les serrer doucement, tendrement sur leurs cœurs
Au seuil d'un Infini de lumière brillante.
Des soleils crépitants tournoient à l'horizon,
Soleils aux mille feux, éblouissants et beaux…
Il n'y a plus de murs et l'horrible prison
A entrouvert ses grilles et n'a plus de barreaux…

« Tu n'es plus prisonnier de la pesante chair
Qui alourdit ton pas au douloureux chemin
Qui devait te conduire de l’ombre au ciel plus clair
Où se fondront hier, aujourd'hui et demain.
Bercé des chants glorieux qui montent dans ces sphères
Tu vas dormir, enfant, puis retrouver la vie
Où fusionnent l'attente, l'espoir et la prière
Et où tout recommence dans un plan d'Infini
Où ne sont prodigués que des conseils d'amour.

Un jour, accompagné de ceux qui te sont chers,
Tu iras te pencher au balcon de tes jours
Et tu regarderas… mais, ne sois pas amer
Si tu contemples au loin, dans l'ombre dense et noire,
Le désert d'une vie où tout s'est arrêté…
C'était l'amer calice qu'il fallait encor boire
Pour découvrir plus tard un goût d'Eternité…

Si l'erreur et l'horreur ont assombri tes jours,
Tu connaîtras pourtant des lendemains chantants
Si tu sais retrouver le chemin de l'amour
Qui pourra apaiser ton Esprit repentant.

Tu vas errer longtemps dans ces sphères bleutées
Où tu devras cueillir, au gré de tes voyages,
Les douces fleurs nacrées d'un bouquet de pureté.
L'arc irisé luira au creux de tes orages,
Et si tu sais entendre, accepter nos conseils,
Tu iras t'incliner aux pieds de la Lumière
Pour demander à vivre les instants sans pareil
D'une vie retrouvée dans l'œuvre de prière.
Tu seras de nouveau l'enfant que l'on chérit,
Celui que l'on dorlote préserve et accompagne,
Mais qui devra pourtant s'en aller dans l'oubli
Sur le chemin ardu, au flanc de la montagne
D'épreuves, de souffrances, de bonheur et de joie
Qu'il lui faudra gravir sans jamais s'arrêter
Pour trouver au sommet, tout imprégné de foi,
Un monde de tendresse, de ferveur, de beauté.

Et tu vivras tes jours, bien pensif quelquefois,
Car en ces moments lourds où l'âme se désole,
Il passera en toi un trouble ou un émoi,
Cadeau lointain et pur de l'amour qui console ;
Tu sentiras un souffle sur ton front enfiévré,
Ton cœur se gonflera d'une force indicible,
Ta nuit sera moins noire et les reflets cuivrés
D'une aurore de joie, qu'une main invisible
Fera jaillir enfin au détour de ta vie,
Embraseront tes jours en éclairant, là-bas,
Au fond lointain et beau d'un monde d'Infini
Ce pays merveilleux où, après le trépas,
Tu renaîtras enfin, ayant trouvé, heureux,
Le vrais sens de tes jours et le pain de tes heures
Car alors tu iras, pur et grandi, vers Dieu
Qui te tendra la main pour t'offrir le bonheur.

La tombe était glacée et le cercueil trop noir…
Ta vraie vie est ici dans la paix de l'espoir !

Dans l'univers profond des galaxies sans nombre,
Figure vaporeuse au front nimbé d'argent,
Tu t'en iras enfin, silhouette sans ombre,
Vers l'infini d'azur d'un autre firmament !… »

                                                               Raphaël Archange
                                                               médium : marcelle olivério

 

 

Livre de vie ouvert à la page des morts
Posé sur mes genoux, j'écoute mais tout dort
Et mon regard se perd dans le lointain immense
Et émue et troublée, je réfléchis et pense
Tandis que sur mes joues enfiévrées et pâlies
Coulent, perles brillantes, les larmes de l'oubli…
J'ai perdu mes espoirs et n'ai plus que regrets
De cette vie enfuie dont tout m'a séparé.
Le soleil tout à coup a perdu sa lumière
Et je maudis la vie, la Terre tout entière
Qui n'a pas écouté le cri de mon chagrin
Et qui est restée sourde, sans me tendre la main…

Mon aube, tout à coup, s'est colorée de gris
Et je pleure en silence l'être que tu m'as pris,
Mort cynique et odieuse, insensible et hautaine,
Et je voudrais hurler et répéter ma peine.
Où es-tu maintenant, ô toi que j'adorais ?…
Tes yeux se sont fermés et tes cheveux dorés
Ne seront plus jamais si doux à mes caresses !

Ah ! que le temps me dure !… Et je pleure sans cesse
Sur ce passé enfui qui abritait ma joie !…
Je ne te trouve plus et je pleure après toi,
Souvenir d'un amour que je voulais garder ;
Et je t'appelle, ô Mort !… mais pourquoi tant tarder
A répondre à ma peine et à venir vers moi ?
J'ai tant besoin de lui !… Va-t-il venir vers moi
Cet être tant chéri que tu as emporté ?…
Oh ! ombres de la vie où tout s'est arrêté !…
Je te maudis, Seigneur, et je n'ai que regrets
De ce que j'ai offert, et d'avoir tant prié
A l'aube de mes jours, aux heures de ma nuit,
Au creux profond des ans où une vie s'enfuit,
Pour que ta main se tende, apaisant mes regrets,
Mon chagrin révolté de l'horreur affrontée…
Dieu !…
Je ne te demandais qu'un répit, un sursis,
Une pause dans le temps pour lui offrir la vie,
Mais tu n'écoutais pas, et ta main vengeresse
A détruit mes espoirs et vaincu ma faiblesse.
Ombres sur une vie ! Ombres sur mes espoirs !
Je suis seule, immobile, dans la frange du soir
Qui lentement écrase mon cœur douloureux
Qui, encore et toujours, déchiré, malheureux,
Ne peut plus qu'espérer le silence mortel
Qui viendra étouffer dans un geste cruel
Les pleurs et les sanglots de mon corps fatigué,
Et je pourrai dormir toute une éternité…

Quelle est cette ombre blanche qui, là-bas, me sourit ?…
J'hurle soudain la peur qui explose et frémit…
Est-ce toi qui reviens, ô toi que j'ai chéri ?…
Je reconnais tes yeux et ton front et ta bouche,
Et je sens sur mon front, posée comme une mouche,
La douceur de ta main, caresse de tes doigts !
Tu es là et tu vis ! J'entends aussi ta voix
Qui me dit doucement tous les mots qu'autrefois
J'aimais tant à entendre et qu'encor trop souvent
Je réentends la nuit au cœur de mon tourment.

Mais, mon Dieu !… mais alors… est-ce la vie là-bas
Dans ce monde ignoré que je ne connais pas ?

Vont-ils encore aimer et aider et attendre
Ce moment où enfin, dans un geste très tendre
Ils reviendront vers nous, ces êtres tant aimés ?…
Mon Dieu ! je t'ai maudit, mon Dieu ! j'ai blasphémé !
J'ai honte tout à coup, et j'ai froid, et je tremble,
J'ai peur, je ris, je pleure, et pourtant il me semble
Que la nuit tout à coup est devenu lumière…
Ai-je maudit, mon Dieu ou fait une prière
Pour que ta main, enfin, m'ait offert tant de joie ?
Vais-je bientôt, Seigneur, redécouvrir la joie
De moments de bonheur où, baignée de lumière,
Je vais clamer ma joie à la vie tout entière
Qui va refleurir pour moi. Oh ! Seigneur… Seigneur…
Puis-je dire ma joie, te crier mon bonheur…

Le livre noir des morts n'est plus sur mes genoux ;
Je regarde et j'espère, et dans un geste fou
Je tends les bras vers toi, et je crie et je serre
Ce corps dont j'espérais le retour sur la Terre.

Mais… mon Dieu !… Pourquoi ?…
Oh ! mais non !… pas toi !…
Ne me quitte pas, amour !… reste près de moi !…
Ne repars pas vers les fonds inconnus du monde
Lointain et pur, où tu vas dans la ronde
Tourbillonnante et gaie de la vie retrouvée,
Oublier à nouveau celle que tu as laissée
Sur cette terre hostile, sinistre et glacée !…
Ne repars pas !… oh ! reste… revis dans ma pensée !
Oh ! mais revis aussi puisque je t'ai trouvé,
Pour me donner encor la douceur d'un baiser !…

Livre de vie ouvert à la page des morts…
Je veux enfin, Seigneur, dans un suprême effort
Le jeter loin de moi car il est là… oui, là,
Celui que j'espérais, que je n'attendais pas.
L'aube ne sera plus spectacle ombré de gris
Car il est là, enfin !… Je suis gaie et je ris ;
Mes yeux se sont levés et je contemple au loin
Ta Lumière, Seigneur ! Parce que j'ai besoin
De recevoir encor ta chaleur, ta tendresse,
Je tends les mains vers toi… Au fond de moi se pressent
Et la joie et l'amour, le bonheur, la liesse
D’un jour d’enchantement plein d’une autre promesse,
D'un jour d'enchantement où, enfin acceptant
Le départ et la mort dans le contact troublant
Qui s'est, je l'ai compris, aujourd'hui établi,
Je te regarde, Dieu, je m'incline et je prie…
L'aube d'un jour nouveau a lui à mes carreaux ;
Tout est gai à présent, illuminé et beau,
Et je rêve à celui qui, revenu vers moi,
A fait renaître en moi la beauté de la foi.
Et je chante ta Gloire, ô mon Seigneur, mon Dieu,
Et je dirai toujours que tu es merveilleux !…

Ombres denses !… La vie lentement s'éclaircit
Et je garde en mon cœur l'image tant chérie
De celui que j'aimais…
Il n'est jamais parti,
Et près de moi, toujours,
Blotti dans mon amour,
Il a ouvert pour moi la porte à la Clarté
D'une autre vie qui a pour nom : Eternité !…

                                                               Raphaël Archange
                                                               médium : marcelle olivério

 

 

Une tête de mort devant l'homme grimace
Et le regard éteint de ses orbites creuses
Rend plus terrible encor l'horreur de cette face
Qui semble ricaner, décharnée et hideuse.

L'ombre s'est étendue et la nuit est pesante.
Les flammes vacillantes des cierges allumés
Fascinent l'homme anxieux... Une pensée le hante :
La Mort et le mystère où plonge l'inhumé
Enfermé dans le bois, immobile et glacé,
Quand converge vers lui le chagrin des pensées
Tandis que l'orgue pleure et que les larmes coulent
Car un être est parti et qu'un monde s'écroule.
Le Néant ou… la Vie ?… Qu'a-t-il trouvé là-bas
Dans ce monde lointain que l'on ne connaît pas ?

L'homme contemple la nuit et les flammes qui dansent
Sur la tête de mort grimaçante qui rit,
Narguant et défiant la terreur de l'Esprit
Qui, perdu, cherche Dieu et dont l'appel s'élance.
Choc des Ombres et de la Lumière !…
Vertige de l'âme... ferveur d'une prière
Qui monte dans la nuit sinistre de l'horreur,
Dans l'Insondable atteint, dans l'Infini cherché
Où s'offrent le pardon, la… sanction du péché,
Où la souffrance attend l'être dont les erreurs
N'ont pu être, hélas, rattrapées.

Ah ! pouvoir enfin échapper
A la terreur de cette nuit !
Arrêter le temps qui s'enfuit
Pour ne pas approcher la mort ;
Mais y a-t-il un autre port
Où le bateau de notre vie
Cinglant vers un lointain pays
Pourra enfin jeter son ancre ?…

La nuit tout doucement replie son aile d'encre
Et la bouche d'horreur semble, aux flammes des cires,
S'ouvrir pour prononcer quelques mots dans un rire :
« Pourquoi tant redouter la Mort et son mystère ?
Le moment vient toujours où l'on quitte la Terre
En laissant derrière soi tous les biens de ce Monde
Pour s'en aller tout seul, et entrer dans la ronde
Des Esprits qui accueillent au moment du trépas
L'être qui se dédouble, et qui guident ses pas
Vers les contrées lointaines d'un monde étrange et beau.

Regarde ! L'amour a planté son drapeau
Sur les ruines de la haine,
Des doutes, des chagrins et des peines !

J'ai dépassé la mort pour renaître à la vie
Dans des plans d'Infini, et je n'ai plus envie
De retrouver le gouffre
De la Terre où tout souffre !…
J'ai brisé les barreaux de ma sombre prison
Et contemple, ébloui, un nouvel horizon.

Ne crains point !
Lorsque le cercueil se referme
Il ne marque pas le terme
Mais le commencement,
Et l’on refait le serment
D'essayer dans une autre vie
A travers de nouveaux défis
De se transcender, de grandir,
De voguer sur un autre navire
Vers les divines sphères de l'Espoir
Où ne rayonne que sa Gloire… »

Les chevaux de l'aurore hennissent doucement
En tirant derrière eux, pour l'emporter au loin,
La tenture noire et lourde d'une nuit de tourment.
L'homme a froid… Il frissonne… Dans un coin
De la pièce les cierges se sont éteints
En fumant dans le calme du petit matin ;
Et tandis que le jour caresse son visage,
Il s'endort en rêvant d'une éternelle plage
Où des têtes de morts ont retrouvé la vie,
Où des formes fluidiques lancent comme une pluie
La rosée d'un amour éternel et vivant.

Rasséréné, ébloui et confiant,
Il se laisse emporter et bercer par les flots
Tandis que le soleil vient frôler ses yeux clos
Comme pour y déposer
La douceur d'un baiser.

Dans l'embrasement de l'aurore
Il rêve d'une tête de mort
Dont les orbites creuses
Découvrent l'Infini
Et dont la bouche hideuse
Dans le sable, sourit...


                                                                   Raphaël Archange
                                                                   médium : marcelle olivério

 

la réincarnation…

Extrait de… Spirite