La mort !…

…et alors ?

   

Raphaël – « Les volets de la pièce ont été rabattus, et dans la fraîcheur de la pièce obscure, le cercueil est là, brillant, inhumain et glacé sous les fleurs et les feuilles…
Obscurité des jours… obscurité des heures… obscurité et vide de la mort qui vient d'étendre son aile sur un monde que l'on aurait voulu croire de bonheur et de joie…

Où est le bonheur ? Où est la joie ?
La flamme rectiligne des bougies et des cierges monte, flambeau brillant qui s'élance vers Dieu comme l'élan de ceux qui, tristement prient et pensent…
Les poignées sont brillantes et le bois est encore gluant et collant des vernis… La pièce est calme… par la fenêtre on aperçoit les feuilles qu'agite le vent comme des mains d'amour agitaient des palmes pour accueillir le Maître… Est-ce le vent qui souffle, ou bien est-ce notre main ? Offrande de mains fluidiques, la douceur d'un élan, la ferveur d'offrandes… offrande et don, amour exprimé, donné à celui qui près du bois brillant, regarde et contemple… figé, éperdu dans la solitude "humaine" qu'il ne peut pas briser pour aller vers une paix qu'il ne peut refuser… tendu vers le seul but de reprendre contact, d'appeler, et d'appeler encore ceux qui, hélas, n'entendent pas et ceux qui, hélas, ne voient pas…

Les fleurs posées ne peuvent même plus exhaler la senteur de leur vie, et les corolles offertes dans toute leur splendeur, semblent figées dans une éternité de beauté et de pureté qui, par contraste, figent encore plus l'immobilité du bois et de la croix…

Allons, enfant chéri, relève la tête, car le départ n'apporte pas l'ennui, et l'arrêt d'une vie… Tu as laissé, bien sûr, les horizons terrestres, mais des Plans d'infini sont ouverts, sont… offerts à tes yeux… Regarde sur la Terre, les pleurs, mais aussi les sentiments difficiles et bas qui ont blessé ton âme… nous allons ranimer la flamme de ton pauvre cœur meurtri et nous allons agiter des palmes pour t'accueillir, ami, au cœur de mille beautés, an cœur de mille splendeurs, au cœur nouveau et pur d'une éternelle paix…

La flamme des bougies monte et éclaire… Les Ombres de la mort ont été écartées et seul le souvenir se fait encore une fête de te rendre à une réalité que tu n'as voulu affronter… Parfums des fleurs… senteur des cires… Ah ! Johann, tu ressens au profond de ton âme, la tristesse profonde de ces gerbes… »

Johann – « Je les aimais dans la splendeur des jardins et des parcs, et lorsque mes mains se posaient pour les caresser, elles me donnaient leur beauté, et je respectais leur vie… Fleurs coupées, offertes certes, mais offertes pour un déclin, et comme on tend une main pour éteindre une flamme, elles vont bientôt s'éteindre avec la tristesse de mon âme…

Est-ce que le Maître a été couvert de fleurs ? Je sais maintenant combien vous aviez raison, vous deux [le médium et Max] ; j'ai nié, tempêté… je me suis énervé chaque fois que vous parliez de la vie dans l'au-delà… mais ils sont tous là… et moi, je ne veux pas… j'ai refusé d'admettre… Je vais devoir partir, abandonner ces sphères, et dans mon repentir, pourrai-je un jour trouver la paix ? J'ai souffert ô combien de ne pas m'exprimer. J'attendais… quoi ?… Je ne sais pas… j'attendais, et la prière que je lançais dans le silence de ma vie, je la faisais pour que me soit épargné la maladie, la souffrance, la vieillesse… la mort !…

Ah ! la vieillesse !… J'avais pourtant arraché de moi une peau qui me collait et comme les êtres malheureux qui, derrière les barbelés, attendaient le miracle de l'espoir, j'espérais une vie de douceur et de félicité… Ah ! mon corps détruit, lamentablement détruit… Mais qui a compris ?…
Non, Jean-Pierre, je ne voulais pas me complaire dans cette assistance qu'on m'a… IMPOSEE… Pourquoi n'ai-je pas eu la force de réagir ? Et la sollicitude me détruisait chaque jour un peu plus… Ah ! mon Dieu ! que faire sur la Terre lorsque, vieillard, paralysé et pitoyable, on doit attendre le geste de l'autre… Honte sur moi !… Honte de ce corps qui se détruisait !… Honte de ces mains qui tremblaient… honte des remontrances dispensées, sourire aux lèvres, comme un jeu… Oui, c'est vrai que j'étais… VIEUX, mais… mais… mes rides, vous les avez tracées… mes mains, vous les avez secouées… mes nerfs, vous les avez ébranlés… mon espoir, vous l'avez déchiré…
Vieux… vieux… vieux… plus capable !… Ah ! La difficulté de s'enfermer dans l'acceptation de ces réalités…
vieux… mains qui tremblent…
vieux… maladroit…
vieux… pas capable…

J'ai mis un masque, et seuls, deux êtres ont su le soulever et ont compris que je voulais fuir la vie… … …
Comme le mur est épais entre vous et moi… J'appelle et vous ne m'entendez pas…
Autour de moi, des mains se tendent… des visages souriants se tournent vers moi… mais… je ne vous connais pas !… Je ne vous suivrais pas…

Les miens, il faut que je leur dise… il faut que je leur parle !…
Trop… c'est trop !… Arrêtez, il est temps !… Ah ! que ne comprenez-vous maintenant qu'il faut arrêter ce jeu !… J'ai été trop malheureux au milieu des querelles et des drames, des discussions… des altercations… des affrontements… J'ai subi la haine, l'insolence, la provocation avec au cœur ce sentiment d'impuissance…
Ligoté, que pouvais-je faire ? Que pouvais-je faire sinon essayer de m'enfuir pour échapper à mon calvaire…

Lorsque les miens sont venus à moi [son épouse et le personnel hospitalier disaient à qui voulait l'entendre : « Jean a le cerveau qui ramollit, il parle allemand… »] j'ai volontairement retrouvé un peu de ce passé que j'avais voulu fuir… Non, je ne délirais pas !…
– « Il parle allemand ! » avez-vous dit. Oui, car eux m'ont compris et ont accompagné mes pas dans ce chemin de l'au-delà que je souhaitais prendre…
Arrêtez ces querelles stupides… Les murs d'une maison ne peuvent résister aux coups que l'on assume, et les ruines ne peuvent être récupérées…

Ton insolence doit s'arrêter, Dominique… Tu as cru défier l'amour, la tendresse et l'attention… Réforme-toi, attention ! Tu as près de toi un enfant qui, par une loi du talion, risque de s'affronter avec toi…
A tous, je demande plus de sincérité, de vérité, de propreté… cessez de murmurer aux oreilles… Ouvrez-vous directement ; exprimez-vous… parlez !… Plus de faux-semblants ; plus de ces moments où l'on chuchote à l'un et où on parle à l'autre… Vous attisez les rancœurs comme une main attise le feu et l'étincelle a tôt fait de devenir lueur puis flamme… et le feu crépite, réchauffant certes, mais que reste-t-il des bûches entassées ? Que bois calcinés, un peu de cendre grise qui colle aux doigts et noircit la peau comme l'horreur des gestes noircit les âmes…

Non, arrêtez !… Ah ! les cris… les discussions…
Ma tête !… ma tête !… mon cœur !…
Pourquoi n'avez-vous pas compris ce que je voulais de la vie ?…
Je n'attendais que peu de chose : La paix… Vais-je la trouver maintenant, ou aurai-je le tourment d'assister encore et toujours à vos affrontements, à vos discussions, car je serai toujours présent et je vous entendrai toujours…

Pour moi… transformez-vous !… Ne pleurez pas la mort !… Je craignais, mais maintenant, en analysant, est-ce que je la craignais ou est-ce que je l'appelais ?

Vienne le temps de mon sommeil… j'ai besoin… d'oublier…

Dites aux enfants que leur Papy les aime… que ce voyage que je fais me ramènera vers eux et dites-leur surtout de continuer à me parler car je les entendrai…
Dites-leur que, quelque part dans le Ciel, près de lumières brillantes, ils pourront voir, s'ils regardent bien, la lumière que j'allumerai pour eux… qu'ils comprennent que j'allume la lampe d'une maison nouvelle qu'ils ne connaissent pas… de MA maison nouvelle… une maison qui, je crois, va être remplie de joie !…

Je vous aimais, et parce que père "humain", je ne l'ai jamais dit ; je veux, mon temps accompli, le dire et le redire… et j'ai soudain envie de rire car vous ne comprenez pas…

Le cercueil s'est fermé, mais la porte s'est ouverte sur une vie de joie…

Allons, je vais les suivre et puis, je dormirai pour revenir à vos côtés, plus imprégné de joie… Je tends la main vers vous et vous embrasse tous une dernière fois…
Puisse Dieu, vous éclairer pour vous faire retrouver le chemin de la vérité, de la conscience et de l'espoir…
Moi, je sais que maintenant, je vais suivre le chemin qu'il me montre de sa main pour aller vers sa lumière…
Laissez monter vos prières, et gardez aussi l'espoir de m'accompagner vers sa gloire…

Je vous aime !…
Plus de cris… Propreté et douceur… douceur…

Plus d'hypocrisie… plus de mensonge… je vais m'endormir dans un songe… un songe d'espoir et de bonheur…

Plus de fleurs…

Après l'avoir reçu tout à côté du cercueil, alors que tous vaquaient dans la maison, la médium a lu ce message à la famille ; Jean-Pierre, le fils aîné qui avait "accusé" son père de s'être laissé porter pendant la maladie, n'acceptait pas un tel message car « Papa n'a jamais parlé !… »

Johann, après avoir laissé le médium essayer de convaincre la famille de la véracité du message, s'est manifesté à nouveau…


 

C'est vrai, je ne parlais pas, mais lorsque la porte est franchie, l'être ou… l'Esprit, peut tout exprimer dans des paroles de vérité, dans des paroles de beauté car il n'y a plus de « Jean » dès qu'il n'y a plus de vie… il y a un Esprit qui peut plus et peut mieux et je ne suis plus vieux…

Il n'y a pas de résurrection, mais une vie qui continue pour nous mener, heureux, vers Dieu…

J.

messages psychographiés
reçus de l'archange Raphaël et Johann
à Serres-Sainte-Marie le 3 juillet 1988
médium : marcelle olivério

 

 

N.d.l.r. - Pour mieux comprendre la subtilité de certains propos du message, il faut savoir que Johann était jardinier-paysagiste de son état, atteint de la maladie de Parkinson… Les réflexions de l'entourage étaient courantes tant sur le temps passé à la salle de bain que sur les souillures de la nappe… Johann avait donc l'habitude de garder la main qui tremblait sous la table, posée sur sa cuisse… de garder ses petits-enfants qui lui étaient confiés régulièrement… voire, journellement !… Leurs parents [ses enfants] ont refusé leurs présences à l'enterrement car trop proche des départs en colonies de vacances… La désincarnation de leur grand-père leur a été annoncée à leur retour comme ayant eu lieu en leur absence !…

Mensonge !…