marcelle olivério

sa vie… son œuvre

 

20 juillet 1988

 
   

Comme l'oiseau blessé par le plomb meurtrier qui perce et détruit, traîne son aile ensanglantée en essayant maladroitement d'échapper aux chiens en se réfugiant dans les buissons épineux qui semblent pouvoir lui apporter la paix et l'apaisement, tu es, Marie-Madeleine, désemparée et perdue, et tu cours pour essayer de trouver dans nos sphères l'apaisement à ta souffrance immense, à ton chagrin dévorant car depuis trop longtemps les drames se jouent, les vies s'arrêtent et ces bêtes que tu aimes tant sont offertes en holocauste sur l'autel des ombres qui ricanent et se gaussent…

Là ! petite fille chérie, laisse couler tes larmes… pleure, enfant chérie… laisse partir ce trop-plein de souffrance et d'écœurement qui t'étouffe comme l'étau serre le fer, ou comme les mains rougies du criminel arrêtent la vie.

La vague tumultueuse te jette sur des récifs difficilement accessibles.
Où est le sable des grèves ?…

Regarde !…
Monde de haine, de drames où les vies sont balayées par l'ouragan des despotismes et où les pleurs se font entendre rythmés par les plaintes et les râles de souffrance de ceux qui, écrasés, succombent…

« Se repulen » : Ils se font beaux… de Goya.
Bibliothèque nationale, Paris -1797-1798.

Regarde !…
La cohorte des Ombres avance devant tes yeux horrifiés, martelant le sol d'un pas lourd et écrasant sur son passage les derniers souffles des vies qui très vite s'éteignent ; combat dantesque des Ombres et de la Lumière ; chocs puissants, assauts meurtriers de ceux qui encore et toujours veulent voir reculer l'heure de leur défaite…

Combat des Ombres et de la Lumière !…


Guerre !…

 
  Guerre entre deux puissances qui s'affrontent pour gagner la bataille sur le champ de bataille des âmes, sur le champ de regrets des vies…


 
   


Dans la solitude d'un jardin endormi, Jésus priait près d'amis qui, insouciants et inconscients, ont oublié en s'endormant. Comme Lui, veillant au jardin des oliviers, cœur déchiré et saignant, tu es perdue au milieu de ce fumier… comme Lui, tu es seule et tu pries et attends et espères… Tu espères que peut-être l'amour du Père pourra t'épargner l'ennui et pourra sauver ta vie.

Non, être sacrifié, n'espère plus cette pitié car ton destin est tracé et tu seras crucifiée !…

Regarde devant toi la colline abrupte aux pentes empierrées rougies du sang qui a trop souvent coulé, qui a trop longtemps coulé…


Regarde !…
Comme tu l'as vu déjà une fois au détour d'un sentier dans un champ de repos, sa silhouette blanche et lumineuse t'attend.
Regarde ses yeux de douceur…
Regarde, enfant chérie, devant tes yeux éblouis, le Maître, visage pur sous l'auréole lumineuse de vibrations d'amour qui explosent comme le jour explose pour chasser les ombres de la nuit…
Visage pur… yeux d'azur pur… joyaux étincelants qui te fixent avec la douceur extrême de l'amour offert, offrande de son amour à celle qu'Il a chérie et chérit encore et toujours…

Sa main est douce sur la tienne, et son regard de tendresse t'invite à continuer cette route difficile.
Allons enfant chérie, avance !…
La route douloureuse de ton destin te conduit au Maître, à sa présence, à son amour.

Lorsque tu pleures, Il pleure aussi…
lorsque tu souffres, Il souffre aussi…

Oublie les pierres,
oublie la poussière,
oublie les tourmentes, avance !…
Ses bras se sont tendus tant de fois pour te serrer sur son cœur plein de toi !…
Alors, enfant chérie, sèche tes larmes.

Comme l'oiseau qui s'envole dans un effort puissant, ouvre toutes grandes les ailes de l'amour pour aller plus loin et plus haut sur ce chemin du calvaire qui est aujourd'hui le tien.
Croix dressée au sommet d'une colline dans l'obscurité grondante et dans la nuit épaisse des temps…
Regarde, Marie-Madeleine, l'ombre de la croix est devenue Lumière et Amour ; toi, inclinée à Ses pieds…
Sa main se tend, te relève et t'entraîne.

Va, enfant chérie, continue !
Sème encore et toujours dans ces terrains arides que sont les âmes de ceux que nous avons conduits jusqu'à toi.

Dans les profondeurs lointaines de ce Plan d'Au-delà que peu encore peuvent pénétrer, des Esprits se penchent et t'entourent et lorsque, désemparée, tu souhaites accélérer ton pas pour arriver plus vite au terme de ton dur chemin, à travers ce calvaire difficile, eux comme Lui lèvent la main pour arrêter ton pas, et Il tend la main pour réconforter ton corps douloureux et ton cœur déchiré ; Il ouvre les bras pour que, enfant toujours, tu puisses te blottir sur sa poitrine pour te laisser bercer par le bruit doux de son cœur qui bat à l'unisson de ta peine en chantant son amour.

Dans la longue robe de bure rêche qui le vêtait, Il est là devant toi, mains tendues, et t'entraîne sur le chemin rocailleux du paysage rouge et poudreux de ces contrées lointaines dans l'espace et le temps où vous avez fait ensemble ces découvertes de paix, de lumière et d'amour. Il t'entraîne pour grimper encore plus haut vers la Lumière qu'Il te montre.

Regarde au loin !… tu as laissé la plaine couverte de brume et les silhouettes des combattants s'estompent dans le brouillard dense qui recouvre toutes choses, et seul le bruit des glaives qui s'entrechoquent et les hurlements de souffrance te renvoient l'écho d'une bataille sans merci qui doit déboucher sur une issue de défaite ou… de vie.

Nous sommes près de toi sans cesse, avance car Il a pris ta main et même si ta tunique blanche se macule aux flaques sanglantes du chemin, continue, grimpe et escalade ce difficile versant de ta vie, car Il accompagne tes pas.
Non ! ne te retourne pas car tu souffrirais encore à contempler tant de morts inutiles et stériles.
Au fond des gouffres, l'horreur s'amoncelle.
Toi, accroche-toi à l'aile lumineuse de l'espoir et tu pourras enfin voir resplendir d'autres beautés, mais est-il une autre beauté que son immense charité, que ses yeux purs et lumineux, que la lumière de son chemin, que la douceur de ses deux mains qui sans cesse te portent et t'emportent ?

Regarde !…
Il vient de fermer la porte sur le malheur et sur l'horreur et vient d'ouvrir pour ton bonheur une baie large et blanche. Au loin, sur la mer calmée, une voile se penche et le bateau de ton destin va continuer son chemin, à travers tourmentes et tempêtes, vers le havre où tout s'arrête, où tout baigne dans l'Amour, dans la joie et dans la Gloire de Dieu.
Et enfin, heureux, Il serrera ta main pour accompagner ton destin vers des cieux pleins de pureté pour une vie d'éternité…

Courage, enfant très chère, courage !…
Elles vont se tourner les pages, et de souffrance en chagrin, tu arriveras à ce demain où ne vibrera plus que sa Gloire…

Le silence est pesant sur la Terre entière, et ce soir, dans la prière que tu formuleras encore, alors que près de toi tout dort, il y aura des mots d'amour lancés pour tous, afin d'apaiser le courroux de Dieu qui se penche, malheureux, et pleure en contemplant la destruction des vies de cette Terre, Terre immobile, écrasée par la nuit pendant que les espoirs s'enfuient,

et que, lentement, s'arrêtent les vies…

Archange Raphaël
médium : marcelle olivério