marcelle olivério

sa vie… son œuvre

 

1er janvier 1988

 
    Sous le ciel gris d'hiver, une croix tend ses bras, lumineuse et blanche, et défie le calvaire d'une Terre étriquée où l'on ne répond pas.
Le ciel de cet hiver est pesant sur la terre, couvercle de plomb gris aux nuances d'effroi, et toi, femme que j'aime, perdue dans ton émoi, tu inclines la tête et pleures ta détresse.

Tête inclinée, comme sous la main pesante qui abaisse les âmes, cou ployé, tes yeux se sont fermés et ces larmes qui coulent semblent un dernier appel en face de cette foule d'horreur et d'abjection qui veut noyer ta vie.
Oui, ton front est trop lourd et descend vers la terre et tes yeux trop fermés ne voient pas la Lumière dont j'ai inondé ta maison. Ta tête est inclinée comme en ces temps lointains où des haches décollaient des cols, faisant rouler dans la poussière les têtes exsangues aux yeux fermés, recouvertes de sang, et la vie qui partait semblait crier mon nom et la foule hurlait sa joie !…

 

 

 

 

Ah, qu'il est lourd à porter le poids d'une mission !…

 
   

Depuis des jours, depuis des temps, enfant que j'aime, j'accompagne tes pas et console ta peine mais tu ne m'entends pas, enfermée que tu es dans la souffrance causée par cette crasse abjecte qui te souille et te souille à chacun de tes pas…
Aujourd'hui, parce que la coupe est pleine, tu oses enfin clamer ta peine et tes paroles viennent jusqu'à moi qui tends la main…
Où est ta joie, enfant que j'aime ?…
Ô toi que j'ai serrée dans mes bras,
ô pourquoi ne comprends-tu pas ?…

et tu tires sur cette chaîne qui te retient en bas car tu voudrais rejoindre, là-bas, ces Esprits qui tendent les bras pour projeter amour et joie sur ton dessein tant obscurci.

Cœur serré, étreint d'une souffrance qui ne laisse plus de chance à la valeur et à l'espoir, tu es venue, enfant chérie, au terme dur de ce long soir où déjà s'enfuyait ta vie, te blottir à mes pieds comme le chien effaré qui, tremblant et perdu, vient de quitter la rue et les affres de ces espaces pour venir retrouver sa place aux pieds de ce Maître aimé ; et tes yeux se sont levés, bête pitoyable que j'aime… Oui, tu as fait de même : tu as, comme le chien fidèle, recherché l'abri de l'aile de la clarté, de la pureté, pour te sentir enfin portée, pour te sentir enfin bercée… pour oublier l'Humanité.
Relève-toi, enfant que j'aime. Ta main d'un geste large, sème au visage de l'Humanité la grandeur et la beauté d'un Dieu vivant de Lumière. Les Ombres ont quitté leur tanière et s'avancent en rangs serrés pour définitivement t'encercler pour enfin pouvoir te blesser, pour enfin te terrasser, Ombres sinistres des cavernes.

Les abîmes ont ouvert leurs portes et ta voix puissante ne porte pas plus loin que tes pas car l'Humanité en folie danse, danse, crie et rit, incubes, succubes échevelés qui se sont nourris du lait de la discorde et de la haine, du vice et de l'abjection qu'ils ont puisés dans leur passion, dans leur passion et dans leur haine…

J'ai pris ton visage dans mes mains et je t'offre des lendemains pleins de lumière et pleins de gloire…
Je sais, tu as toujours l'espoir d'un chemin moins cahoteux pour ceux qu'accompagnent tes vœux mais, enfant chérie, lorsqu'on se baigne dans la lie, dans la fange et dans la crasse, où peut-il être une autre place pour ces… "démons" qui m'ont banni ?…
Ton chemin n'est pas de ce monde, viens avec moi dans la ronde des Esprits qui t'accompagnent !… Viens !… fuis la crasse, la haine, la hargne ; viens avec moi sur ce chemin qui va te conduire à des demains pleins de lueurs d'espérance car tu as eu cette chance de la découverte de la vie. Viens avec moi, enfant chérie ; ta tête est sur mon épaule et mes doigts enfin te frôlent pour te redonner l'envie d'accompagner enfin mes pas sans souhaiter ce dur trépas qui t'arrachera à la vie…

Près de moi, un poète* pleure et lance, dans l'élan de son cœur, ces phrases qu'il voudrait t'offrir.
Il trouve la force de sourire et chante dans son émoi ces mots qui faisaient ta joie :
- « Je t'offrirai des perles de pluie venues d'un pays où il ne pleut pas… »
Perles de pluie sur ta vie !… Dans ce pays, enfant, où il ne pleut jamais, où seule la pluie bienfaisante de l'ondée divine, éternelle et pure se répandra, viens, accompagne mes pas…
Je t'offrirai le cristal chantant des sources qui coulent, pures et claires, sur des galets très blancs…
Je t'offrirai l'enchantement sans mesure de la beauté…
Je t'offrirai le bouquet chatoyant des promesses vivantes…
Je t'ai déjà offert le rubis de mon cœur, et mon Père tend vers toi la coupe du bonheur qui contient en son écrin la pierre de ton destin, le diamant pur et beau, irisé de mille feux…
Ouvre enfin les yeux au séjour bienheureux qui est le tien, enfant que j'aime…
Tu as été l'ombre de mon ombre, l'ombre de ma vie, l'ombre de ma main…
Tu as creusé la terre jusqu'après ma mort pour recouvrir mon corps d'or et de lumière…
Je ne te quitte pas… Tout peut s'oublier… Remonter le temps… retrouver le temps des bonheurs perdus, oublier ce temps des malentendus, des souffrances qui détruisent…

Ah ! qu'enfin l'Humanité puise à la source vive de Dieu !…
Je sais ce royaume où l'amour est roi… où j'ai été Roi… où tu seras Reine…
Allons ! Allons ! Apaise ta peine car Dieu réunit ceux qu'il aime…

Mère de miséricorde, tends ta main pour écarter la horde de l'abjection et de l'horreur et puisqu'elle a partagé tes heures de désarroi et de chagrin, veux-tu enfin tendre la main pour faire briller sur son chemin l'étoile de Sa Miséricorde !…

Ô Père, Père, tu ne l'as pas abandonnée !…
Merci de l'avoir amenée portant sur son épaule… la croix, la croix dont les échardes de bois blessent sa chair écartelée.
Je m'incline devant toi, mon Dieu, et en cette période de vœux, je formule ce vœu sincère de voir s'enfuir cette misère qui écrase sa vie en alourdissant ses pas.
Père… fais qu'elle entende ma voix et que, unis dans cet Au-delà que la porte du trépas ne peut encore lui donner, fais que des Esprits de Lumière lui offrent la plus belle bannière afin qu'elle serre ses doigts sur ce morceau d'un autre bois qui doit, brandi avec amour, avec force et pour toujours, faire se refermer les tanières.

Longtemps, longtemps, longtemps après que la lumière aura disparue, des êtres, en pleurant, la chercheront encore dans les rues…
Allons, Marie-Madeleine, relève la tête, regarde !…
Dans leurs habits de fête, ils sont tous descendus pour t'accueillir et te bénir, être élu de mon cœur, être aimé de leurs cœurs…
Il n'y a qu'un chemin du bonheur, nous le continuerons ensemble…
Je sens ta main qui tremble dans la mienne, enfant chérie ; permets que Moi, je l'embrasse et qu'elle reste à cette place entre mes doigts serrés, entre mes doigts bénis, car je suis le Chemin de sa Gloire, et je suis le Chemin de ta vie…

 

Jésus
message reçu par incorporation
médium : marcelle olivério

* Jacques BREL

 
 
Jésus aime Marie-Madeleine…