« Un regard vers Dieu fait passer sur la grisaille du quotidien comme un reflet de bonheur éternel… »

 

« Croire, c'est voir l'invisible à travers les choses visibles qui perdent ainsi leur opacité mortelle… »

 

« Si la branche tombe, l'oiseau s'envole.
N'est-ce pas cela, la foi : s'envoler quand les appuis de bois mort s'écroulent sous les pas ?… »



 

 

 


 

Ainsi soit-il !

Prières…

   

Terre ! Vaste fresque aux teintes bleutées et voilées d'espoir pourtant auréolée d'angoisse et de peur mais aussi, vaste fresque aux couleurs de sang et d'encre.

Sur les fonds bruns et rouges des drames, quelques taches blanches et pures, îlots nacrés sur le velours déchiqueté de l'horreur…

Opéra dramatique aux résonances puissantes qui montent vers cette toile, scandant le rythme affreux des cris de souffrance, des râles de mort, des sanglots et des pleurs, ponctués par les râles de jouissance, les cris de haine, les ricanements et les rires.

Où est la paix ?… où est l'espoir ?…
Quelle voix pourra dépasser le tumulte de l'effroi pour se faire entendre et porter apaisement ?…

Au-dessus du bouleversement spasmé de ce monde, pure étendue de calme lumineux, le miroir limpide d'un monde différent qui laisse tomber sur le chaos humain le reflet d'un amour vivant, éternellement attentif et présent, qui ne peut pourtant suffire à apporter l'espoir.
Plan d'amour… plan divin où tant de mains se tendent dans l'offrande du geste.
Cœur immense battant au rythme des souffrances, souffrant au tempo des erreurs et de l'horreur.
Offrande faite sans attendre et si peu souvent reçue !…

Quel est ce Plan d'amour où ne vit que l'Amour ?…
Plan céleste, sphères de paix où un Dieu miséricordieux attend et entend.

Il entend ces voix qui clament leur peine, leur désarroi, leur haine, leur révolte, leurs espoirs et dans le concert tonitruant des cris, Il entend, presque silencieuses, des voix étouffées qui appellent dans l'espoir et implorent son nom dans l'attente. Voix chuchotantes ou silencieuses qui expriment et exposent le chagrin des cœurs ; mots balbutiés, quelquefois sans suite, phrases longues, reflet du chagrin des âmes, de la révolte des êtres, de l'espoir des vies ; mots qui deviennent vivants pour atteindre ces sphères, messagers tremblants, ambassadeurs puissants, mots qui deviennent… prière !…

Lorsque dans le bouleversement des jours ou dans l'obscurité des nuits, deux mains se croisent dans un geste suppliant, lorsque des têtes se penchent, écrasées par le poids trop lourd d'une peine puissante, lorsque les larmes coulent, lorsque des cœurs angoissés battent à tout rompre dans des poitrines brûlantes à force de souffrir, il semble que tout à coup le silence se fasse… Silence lourd, rempli de l'appel qui monte et de la réponse à l'attente qui doucement se fait, réconforte et apaise.

Prière !… Mots !… Phrases !…

– « Notre Père… »
– « Je vous salue, Marie… »
– « Je crois en Dieu… »

Litanies psalmodiées, répétées, murmurées dans la ferveur ou dans l'indifférence, participation grégaire à l'élan de la masse dans ces moments où la pompe s'exprime aux fumées bleues de l'encens et aux accords longs et vibrants des orgues…

– « Mon Dieu, aie pitié !… »
– « Mon Dieu, regarde… »
– « Mon Dieu, pourquoi ?… »

Supplication des êtres… chagrin… souffrance…
attente angoissée… espoir…

Et plus loin, vertige de l'âme découvrant Dieu…

marcelle olivério