Des Esprits…

 


Des relations des anges entre eux

 

 

   


L'abbé - Partout se remarquent la pluralité, l'inégalité, l'unité, c'est-à-dire l'ordre, et avec l'ordre, comme une ombre de société. Dans le genre humain, cet ordre s'élève avec les natures qu'il régit. Ce n'est plus l'ordre physique, mais l'ordre moral, la société des êtres libres. Au-delà des sphères matérielles, le monde supérieur des Esprits ne présenterait-il, au regard de Dieu, que le triste spectacle d'une multitude confuse et désordonnée ?
Si Dieu a déposé toutes les choses du monde matériel dans un ordre admirable, combien plus cet ordre ne doit-il pas exister dans le monde spirituel ? Si les Hommes ici-bas, intelligences imparfaites, composent une société, les anges -intelligences parfaites- forment nécessairement une société parfaite aussi.

Léon - Il y a société parmi les anges…

L'abbé - Or toute société, Léon, suppose :
      1- pluralité d'individus…
      2- inégalité dans les individus, membres du corps social…
      3- subordination entre eux…
      4- relations mutuelles…
      5- moyen de communication…

Il y a multitude parmi les anges : nous avons vu précédemment que Dieu les a créés en nombre incalculable…
Il y a inégalité parmi eux car il est autant d'espèces angéliques différentes qu'il existe d'individualités, et cette diversité spécifique emporte avec elle, une inégalité de nature
Tous sont actifs, mais non avec la même puissance d'opération. Tous sont intelligence et vertu, « science et action déiformes, dit saint Denys, faites à la ressemblance de Dieu… » mais science et action graduées qui s'élèvent progressivement avec chaque individualité, depuis l'ange voisin de l'Homme jusqu'à celui qui touche immédiatement à Dieu, dans la représentation toujours plus complète de la Divinité
Il suit de là qu'il y a parmi eux supériorité d'une part et infériorité relative de l'autre, et par conséquent, ils sont entre eux dans des rapports d'inférieurs à supérieurs et de supérieurs à inférieurs



Léon - En quoi consistent précisément la supériorité ou l'infériorité des anges ?

L'abbé - « La supériorité des êtres n'existe qu'en raison de ce qu'ils se rapprochent davantage de Dieu et de ceux qui lui ressemble mieux… » [saint Thomas] Un ange est donc supérieur à l'autre lorsqu'il s'approche de Dieu plus près que cet autre ange…
Comme l'ange est essentiellement intelligence, sa supériorité sur un autre a sa racine dans la supériorité de son entendement. Comparativement à l'ange inférieur, le supérieur possède une vertu cognitive plus puissante, une vision des choses plus claire et plus élevée, et des connaissances plus étendues ; il est illuminé d'une lumière plus abondante, parce qu'il est plus près de la source de la Lumière ; et il voit les choses par des formes plus universelles, dans une unité plus haute et par des actes moins multipliés. Sa vision ressemble davantage à celle de Dieu qui voit tout dans l'unité très simple de son essence et par un seul acte. telle est la pensée de saint Thomas que je vous ai déjà précédemment exposée.

Léon - Dès lors, il faut aussi qu'il y est subordination, pour ramener à l'unité ces individualités diverses et inégales ; car les êtres ne sont divers et inégaux que parce qu'ils sont destinés à faire partie d'un tout.

L'abbé - Assurément, Léon, il y a subordination parmi les anges. D'abord tous, étant appelés à former une société parfaite avec Dieu, sont nécessairement subordonnés à leur créateur.
De plus, dans cette société, il y a hiérarchie ; et dans ces hiérarchies, différents ordres d'Esprits qui, se rapprochant davantage par un genre d'excellence qui leur est commun et propre, composent des groupes partiels se coordonnant à l'ordre général.

Léon - Il faut donc voir aussi dans la société angélique de grands centres, puis dans ceux-ci des centres particuliers autour desquels se groupent les intelligences qui se ressemblent le plus par le même genre de perfection.

L'abbé -- Et aussi par le ministère qu'elles ont à remplir.

Arthur - Alors, il y a une sorte de gouvernement dans le monde spirituel ! Il est donc des anges qui sont préposés à la direction des autres ; il en est qui donnent des ordres, et d'autres qui les exécutent ?

L'abbé - C'est une conséquence de leur organisation hiérarchique, et d'ailleurs, nous voyons dans l'Apocalypse des anges qui commandent à d'autres anges…

[N.d.l.r. - Nous en avons eu confirmation dans le Centre de guérison spirituelle d'Abadiánia, au Brésil. Le médium, incorporé par le Docteur Augusto -qui est le responsable spirituel de la Casa- a visité les personnes opérées spirituellement et a demandé à cinq d'entre elles, de revenir l'après-midi car le travail avait été mal fait par un ou des Esprits guérisseurs chargés de ce travail…]

Les uns sont supérieurs, les autres, inférieurs. Les supérieurs ont de la vérité, une connaissance plus universelle que les inférieurs ; car plus un ange est élevé, et plus il voit les choses créées à la manière de Dieu.
Les uns perçoivent la vérité d'une manière plus parfaite, les autres d'une manière moins parfaite que les premiers…
[N.d.l.r. - C'est pour cela qu'il est toujours délicat d'aller consulter un voyant pour se faire prédire l'avenir -ce que marcelle olivério déconseillait formellement- car qui sait l'évolution de l'Entité, de l'Esprit qui est "attaché" à ce médium qui s'ignore ou qui refuse de se reconnaître comme tel pour se déculpabiliser ainsi de réclamer de l'argent à celui qu'il est censé aider de ses conseils judicieux et… inspirés. Donner gratuitement ce qu'on reçoit gratuitement, telle est la loi…]



L'abbé - La Sainte-Ecriture nous laisse entrevoir qu'il est différents ordres parmi les anges ; car saint Paul, dans son épître aux Ephésiens 1,20, nous apprend que Dieu a établi le Christ au-dessus de toutes les principautés et les dominations. Ces noms désignent, sans doute, différents ordres d'anges.
Enfin, saint Thomas établit que dans chaque hiérarchie, on distingue trois ordres différents : l'ordre le plus élevé, l'ordre intermédiaire, et l'ordre inférieur…

Léon - Chaque hiérarchie comprenant trois ordres, il s'ensuit qu'elle est composée d'anges de perfections diverses ?

L'abbé - Certainement, Léon.

Léon - Qu'est-ce qui différencie les ordres angéliques ?

L'abbé - La distinction des ordres repose sur la différence des devoirs et des actes que l'on a à remplir ; dans la cité, il y a des ordres différents, parce qu'il y a des Hommes qui remplissent des fonctions diverses.

Arthur - Les anges possèdent bien tous les mêmes dons, mais pas au même degré. Les uns les possèdent d'une manière plus excellente que d'autres ; tous aussi sont employés au même service de Dieu, mais non de la même manière…

L'abbé - C'est ce qu'enseigne saint Thomas dont je me plais à vous citer de nombreux passages, pour une raison facile à deviner : c'est qu'il est le docteur par excellence quand il s'agit de la science des choses divines et qu'il est impossible de mieux penser que lui.

Léon - Et chaque ordre se compose-t-il aussi de plusieurs anges ?

L'abbé - Oui, il y a beaucoup d'anges dans un même ordre. Il est même impossible qu'il en soit autrement, vu le nombre incalculable de ces Esprits…
Et saint Thomas dit de son côté que tous les anges du même ordre sont bien égaux sous le rapport du caractère général qui distingue leur ordre, mais qu'ils ne sont point égaux absolument.

Léon - En quoi consiste cette distinction de chaque ange ?

L'abbé - Il est impossible de vous le dire, Léon, « car cette distinction spéciale des ordres et des offices, d'après laquelle chaque ange a un emploi et un rang qui lui sont propres, nous est inconnue… [saint Thomas] Nous savons seulement d'une manière générale que cette différence existe, mais voilà tout. Nous ne connaissons pas parfaitement le monde angélique, et il s'en faut beaucoup.
[…]
Ces ordres divers ont reçu différentes dénominations, d'après les écrivains sacrés : Isaïe nomme les séraphins ; Ezéchiel, les chérubins ; saint Paul, les trônes, les dominations, les vertus, les puissances et les principautés ; saint Jude : les archanges ; et il est parlé des anges en beaucoup d'endroits des livres saints. Ces noms ne viennent pas des Hommes, mais bien de Dieu à qui il a plu de nous les révéler.
Saint Thomas a résumé ainsi :
Le nom d'ange est tout à la fois un nom commun à tous les Esprits célestes et un nom propre au dernier ordre de la troisième hiérarchie. Il signifie celui qui annonce ; on le donne à tout messager, et, sous ce rapport, tous les Esprits célestes quand ils manifestent les ordres de Dieu, méritent d'être ainsi appelés. Mais les anges supérieurs ont des qualités plus élevées que cette manifestation, et c'est à cette qualité que leurs ordres empruntent leur dénomination.
Saint Grégoire dit « qu'on donne le nom d'anges à ceux qui annoncent les vérités les moins importantes. »
Selon saint Denys, les archanges tiennent le milieu entre les principautés et les anges ; par conséquent, ils sont ainsi appelés comme étant les chefs des anges… Toujours d'après saint Grégoire, « les archanges doivent leur nom à la supériorité qu'ils ont sur les anges en ce qu'ils sont appelés à annoncer de grandes choses. »



L'abbé - Maintenant, mes amis, je vous le demande, cette organisation du monde angélique en trois hiérarchies, et des trois hiérarchies en trois ordres chacune, s'élevant progressivement jusqu'à l'ange suprême qui reflète en lui l'amour inénarrable de l'Esprit-Saint ; cette organisation, dis-je, n'est-elle pas belle et digne de Dieu ? Par cette disposition, tous les anges sont reliés les uns aux autres dans les liens d'une douce subordination.
Si, parmi eux, les uns commandent et les autres obéissent, gardons-nous de leur attribuer ces faiblesses qui vicient chez les humains et l'exercice du pouvoir, et l'obéissance à ses ordres. Dans le monde angélique, il n'est rien d'arbitraire, rien de tyrannique, rien de faux dans le pouvoir : tout est fondé sur la vérité et la charité divine ; tout est régi, gouverné par la connaissance parfaite des volontés de Dieu ; et les premiers des anges, ceux qui président aux hiérarchies ou aux chœurs inférieurs, ne font dans ce qu'ils commandent, que transmettre à leurs subordonnés les ordres de la Providence.
D'autre part, il n'est rien de bas, rien de rampant, rien d'abject ni rien d'intéressé dans l'obéissance des inférieurs ; car l'obéissance, en eux, n'est que le mouvement de la piété et de l'amour qui les porte, avec une fermeté ardente, à l'exécution des ordres qu'ils savent leur venir de Dieu même par l'intermédiaire des anges supérieurs ; et cette obéissance amoureuse leur est une joie et une gloire, parce que régis par l'amour, ils sont heureux de concourir à l'accomplissement des desseins providentiels.

Dans les hiérarchies des anges, les uns sont purifiants et les autres purifiés ; les uns, illuminant, et les autres illuminés ; les uns, perfectionnant, et les autres perfectionnés. Et au-dessus d'eux, règne la divine béatitude, toute pure en elle-même, sans ombre, pleine de l'éternelle clarté, très parfaite, purifiant tout, illuminant tout, et perfectionnant tout…

Il faut que les Esprits inférieurs soient dépouillés de toute dissemblance qui altérerait l'image de Dieu, qu'ils soient remplis de la Lumière divine par les plus chastes regards de l'intelligence…



Léon - Comment un ange peut-il éclairer un autre ange ?…

L'abbé - Saint Thomas nous l'explique ainsi : « Eclairer, c'est manifester la vérité que l'on connaît, parce que la Lumière qui se rapporte à l'intellect n'est rien autre chose qu'une manifestation de la vérité. Quand on dit qu'un ange en éclaire un autre, on entend donc par là qu'il lui manifeste la vérité qu'il connaît. »
[…]
« …comme un corps froid s'échauffe en présence d'un corps chaud, de même, l'intelligence se fortifie en se mettant en rapport avec celle d'un ange supérieur. Car les Etres supérieurs, en se tournant les uns vers les autres, exercent une action réciproque, analogue à celle qui existe entre deux corps placés l'un à côté de l'autre. »

Un ange supérieur connaît la vérité sous une forme universelle que l'intellect d'un ange inférieur ne serait pas capable de saisir, parce que sa nature l'oblige à concevoir les choses d'une manière plus particulière.

Léon - Une difficulté se présente à mon esprit… Si tous les anges voient l'essence même de Dieu, comment peuvent-ils s'éclairer les uns, les autres ?

L'abbé - « L'un n'enseigne pas l'autre… dit saint Thomas, mais les êtres qui voient l'essence de Dieu, ne connaissent pas pour cela même, toutes les raisons de ses œuvres, comme dans leur cause ; ils ne les connaissent qu'en raison de la perfection avec laquelle ils voient cette divine essence. Par conséquent, un ange supérieur connaît mieux qu'un inférieur, les raisons qui font agir Dieu et il l'éclaire à ce sujet. »
[…]
L'Ecriture-Sainte, d'ailleurs, nous montre en plusieurs endroits, les anges instruisant d'autres anges. Ainsi, dans Zacharie, on voit plusieurs de ces Esprits venir rapporter à un autre que les nations sont tranquilles…
Nous avons vu aussi que leurs relations sont des relations d'amour ; et cet amour dont ils s'aiment est le principe du mouvement qui les porte à communiquer la vérité qu'ils possèdent, à ceux qui ne la possède pas.
« Et plus un agent participe de la bonté divine, plus il s'efforce de communiquer aux autres, selon son pouvoir, toutes ses perfections…
A plus forte raison les saints, qui sont en pleine participation de la bonté de Dieu, communiquent-ils, à ceux qui sont au-dessous d'eux, tout ce qu'ils reçoivent. »



Léon - Un ange peut agir sur un autre en l'éclairant, peut-il, de même, agir sur sa volonté ?…

L'abbé - Il ne peut agir que par persuasion. De cette manière, il peut le porter à l'amour de la créature ou à l'amour de Dieu… dit saint Thomas.

Léon - Du moment qu'un ange peut manifester des vérités à un autre, il est bien clair qu'il peut aussi le porter à aimer ; toute connaissance engendre l'amour…



Arthur - Les anges parlent ?…

L'abbé - Eh ! sont-ils donc d'une condition inférieure à la nôtre ? Quoi ! l'homme parle, il manifeste, à ses frères, ses pensées, ses affections, ses volontés ; l'animal lui-même pousse des cris parfaitement entendus des animaux de son espèce, et l'être le plus parfait serait privé de tout moyen de communiquer ses pensées ? Mais s'il en était ainsi, le monde angélique ne serait plus qu'un pêle-mêle d'Ombres inconnues sans liens, sans relations, sans société dès lors. Cela est-il possible ?

Arthur - Mais comment concevoir leur langage ?

L'abbé - Sans doute, Arthur, le langage de l'ange ne saurait ressembler à celui de l'Homme, comme la parole humaine ne ressemble pas au cri de l'animal. Le langage d'un être est nécessairement en harmonie avec la nature de cet être ; et plus une nature est excellente, plus son langage est élevé.

Arthur - Je comprends cela, mais je ne puis me faire une idée de la manière dont ces Esprits peuvent se parler ; la parole n'est-elle pas un son articulé ?…

L'abbé - C'est là ce qui vous trompe, Arthur ; la parole, dans son essence même, n'est que l'expression de la pensée. Tout être qui exprime une idée, peu importe par quel mode, parle une langue ? Le son articulé qui frappe nos oreilles quand je vous parle, moi Homme, n'est qu'un élément accidentel de la parole, qui tient à la condition présente de notre nature. C'est le corps de la pensée, son enveloppe matérielle, le véhicule qui la porte de l'Esprit à l'Esprit, à travers l'espace et nos organes matériels. Il nous est indispensable, quand nous parlons à un autre Homme, mais si nous voulons parler à Dieu, aux anges, aux saints qui sont au Ciel, nous n'avons plus besoin de cette parole du dehors ; la parole interne, qui se fait sans bruit, nous suffit à exprimer les désirs de nos cœurs.
Nous dirigeons vers eux nos pensées, nos sentiments, et cette direction est une parole…
Quand donc un ange parle à un autre, il ne fait connaître sa pensée qu'à celui auquel il s'adresse.



Voilà, mes amis, ce que j'avais à vous dire sur les rapports des anges entre eux. Vous voyez qu'ils forment une admirable et parfaite société, divisée en hiérarchies, comprenant divers ordres reliés ensemble par des offices de piété et de charité. Qu'il est beau, mes amis, qu'il est ravissant, ce monde spirituel !
Ne vous est-il jamais arrivé, un beau soir d'été, de vous promener dans la campagne ? L'air était pur, la nuit sereine, le vent du soir vous apportait les parfums embaumés de toutes les fleurs voisines. Autour de vous, tout était calme et silencieux. Une lumière timide éclairait vos pas et semblait vous inviter à la contemplation des choses célestes. Instinctivement, vos regards se sont portés vers les cieux, et vous avez vu, sur vos têtes, des globes innombrables, scintillant de mille feux. A ce spectacle, votre âme a tressailli ; et vous avez vu… et perdue dans cette immensité, elle a senti sa petitesse. Qu'auriez-vous senti si, pénétrant plus loin, votre regard eût pu plonger dans le monde angélique ?…
Vous eussiez vu cette multitude incalculable d'Esprits avec leurs hiérarchies, leurs ordres, leurs relations mutuelles, l'amour dont ils s'aiment, le lien qui les unit, la loi qui les relie…

Oh ! quand pourrons-nous unir nos voix aux voix des anges, et prendre place dans leurs rangs ?

Léon - Mais si l'ange supérieur éclaire, attire l'inférieur, ne semble-t-il pas que les anges doivent aussi se tourner vers les humains pour les attirer à eux, les éclairer et les élever jusqu'à Dieu ? Car, enfin, l'Homme aussi est une intelligence, et l'Esprit doit s'unir à l'Esprit…

L'abbé - Votre observation, Léon, nous conduit à examiner si les anges ont des rapports avec le monde visible…


   
   

 

   
   

Rapports des Esprits avec le monde visible…

 
Des Esprits…