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D'Amérique, la vague
du Spiritisme déferla sur l'Europe où il se
produisit un mouvement spiritualiste important, et alors
réapparut une croyance reléguée depuis
longtemps dans le domaine des superstitions : la croyance
en l'existence d'êtres invisibles dont les textes
anciens nous rapportent tant de preuves, et en l'idée
de la perfectibilité de l'âme, de la permanence
du moi. Car le Spiritisme n'est pas une doctrine nouvelle,
loin de là. Il existe depuis que le monde -ou plutôt
l'Univers- existe, mais comme toutes les doctrines philosophiques,
il a eu ses moments d'arrêt car il semblait être
en opposition avec les doctrines de sectes puissantes qui
avaient intérêt à le voir disparaître.
Léglise catholique estimant qu'il allait saper
ses bases, ne l'avait-elle pas condamné par le concile
de Chalcédoine, puis par le concile V de Constantinople
dans la personne d'Origène qui enseignait la préexistence
des âmes dans des régions supérieures
d'où elles venaient animer des corps terrestres.
Elle condamna en fait plus des détails de son enseignement
que l'opinion générale de la croyance que
professait Origène qui voulait que les hommes soient
des anges déchus. Voici d'ailleurs une des propositions
d'Origène réprouvée par le concile
de Constantinople en 543 :
« Si quelqu'un dit, ou pense, que les âmes
des hommes préexistent, en tant que ayant été
auparavant des esprits et des vertus (puissances) saintes,
et qu'elles ont pris satiété de la contemplation
divine, qu'elles se sont perverties et qu'en conséquence
l'amour de Dieu s'est refroidi en elles, à cause
de quoi on les a appelées âmes (souffles),
et qu'elles ont été envoyées dans des
corps comme châtiment : qu'il soit anathème.
»
En analysant la théorie d'Origène
qui expliquait, certes, la préexistence des âmes,
mais qui indiquait aussi clairement l'évolution humaine
au cours de renaissances successives en disant :
« N'est-il pas raisonnable que les âmes soient
introduites dans des corps en rapport avec leurs mérites
et leurs actions antérieures et que celles qui ont
employé leurs corps à faire le plus de bien
possible, aient droit à un corps doué de qualités
supérieures au corps des autres ? »
ou en disant encore :
« L'âme, étant immatérielle
et invisible, ne peut exister en aucun lieu matériel
sans revêtir un corps approprié à ce
lieu ;
elle rejette, à un moment donné, un corps
qui lui était nécessaire jusque-là
mais dont elle n'a plus besoin maintenant, et elle le change
pour un autre. »
on se rendra compte que le concile a plus été
blessé par la forme que par la théorie elle-même
qui se résumait comme suit :
« L'inégalité des créatures humaines
n'est que l'effet de leur propre mérite, parce que
toutes les âmes ont été créées
simples, libres, naïves et innocentes par leur ignorance
même, et toutes, par là aussi, absolument égales.
Le plus grand nombre tomba dans le péché,
et, à proportion de leurs fautes, elles furent renfermées
dans des corps plus ou moins grossiers, créés
exprès pour leur servir de prison.
De là, les traitements divers de la famille humaine.
Mais, quelque grave que soit la chute, elle n'entraîne
jamais le retour de l'esprit coupable à l'état
de brute ; elle loblige seulement à recommencer
de nouvelles existences, soit ici-bas, soit dans d'autres
mondes, jusqu'à ce que, fatigué de souffrir,
il se soumette à la loi du progrès et s'améliore.
Tous les Esprits sont sujets à passer du bien au
mal et du mal au bien. Les peines décernées
pas le Dieu Bon ne sont que médicinales, et les démons
eux-mêmes cesseront un jour d'être les ennemis
du bien et l'objet des rigueurs de l'Eternel. »
Le Spiritisme n'allègue pas que les âmes reviennent
sur Terre par lassitude de la contemplation divine et des
sphères astrales, ces sphères lumineuses qu'elles
aspirent à atteindre un jour ; il n'allègue
pas non plus que la loi de réincarnation doive être
considérée exclusivement comme une mesure
expiatoire envoyée par Dieu mais comme une possibilité
d'évolution accomplie dans des vies successives où
ces âmes pourront s'amender, se perfectionner, s'idéaliser
pour atteindre à leur but.
Le Spiritisme enseigne en parallèle la reconnaissance
et l'amour de Dieu, l'amour du prochain et de la création
; il prône l'égalité entre les hommes,
la bonté, la charité, la tolérance,
le respect d'autrui, le pardon des offenses, mêmes
principes éthiques que ceux de toutes religions comme
le rappelait Léon Denis disant :
«
L'idéal que proclament les voix du monde invisible
n'est pas différent de celui du fondateur du christianisme.
»
Peut-être est-ce d'ailleurs pour cela que l'Eglise
catholique qui prétendait détenir le monopole
de la vérité et qui avait pourtant été
obligée de reconnaître certains faits spirites
comme indiscutables -les nier eût été
aller à l'encontre de nombreux faits "spirites"
cités dans les livres saints- avait eu une réaction
particulièrement négative et antagoniste face
à cette philosophie, en affirmant que les causes
de ces manifestations qui dépassaient les capacités
humaines ne pouvaient être que diaboliques.
Cet anathème jeté sur le Spiritisme n'a-t-il
pas été le fait des siècles ?
L'enseignement purement spiritualiste de Jésus qui
apportait la lumière dans une époque de troubles
religieux et de superstition a été persécuté
par les Scribes et les Pharisiens.
Souvenons-nous qu'après la mort du Christ, ceux qui
ont essayé de faire connaître, de divulguer
son enseignement ont été également
persécutés, injuriés, poursuivis, lapidés,
et ce jusqu'au début du quatrième siècle
où l'empereur Constantin, s'intéressant à
eux pour des raisons politiques, devint chrétien
et partant, fondateur du Christianisme moderne. Mais cet
empereur assassin de sa femme, de son fils, de son beau-père,
de son beau-frère, de son neveu, ne devint chrétien
que parce qu'il avait été absous par les prêtres
chrétiens alors que l'absolution lui avait été
refusée par les prêtres païens.
C'est
ainsi que les premiers chrétiens commencèrent
à jouir de l'appui de l'Etat comme le rappelle ce
texte paru en 1894 :
«
Quand l'empire romain fut ébranlé, les
chrétiens s'approprièrent le pouvoir suprême,
ce qui ne leur réussit néanmoins que par le
terrorisme, par la persécution de ceux qui pensaient
autrement qu'eux, et par le fanatisme de leurs prêtres.
Il est vrai qu'à cette époque, les chefs de
l'Eglise catholique romaine avait enseigné la résurrection
des Esprits en y ajoutant seulement que cela ne pouvait
se faire que par la foi dans le Christ, que les non-croyants
iraient en enfer, mais les preuves leur manquaient pour
faire comprendre cette assertion. En somme, le christianisme,
pareil au mahométisme, s'est propagé plus
par la terreur que par la conviction. Les cruelles persécutions
des païens et des Juifs, les guerres saxonnes, les
exécutions de sorcières par le feu, la Saint-Barthélemy,
la guerre de Trente Ans et l'intolérance qui existe
encore aujourd'hui entre les sectes chrétiennes,
donnent un mauvais exemple de la "religion de l'amour"
dont on se couvre si hypocritement.
Malgré tout cela, le pur fondement spiritualiste
s'est constamment conservé chez quelques uns. De
tous les temps, il y avait des médiums qui étaient
en rapport avec le monde des Esprits, mais qui, le plus
souvent, gardaient pour eux la vérité reconnue.
Le feu du spiritualisme et de ses rapports avec les Esprits
a continué à couver secrètement, en
attendant qu'un temps plus éclairé fût
arrivé. Ce temps se fit jour au moment où
le nord d'Amérique se débarrassa du joug britannique,
en déclarant tout homme libre et en permettant à
chacun d'exprimer librement son opinion.
Il n'est donc pas étonnant que le phénomène
des Esprits frappeurs qui a existé de tout temps
se soit manifesté de prime abord en Amérique,
comme preuve de notre survie propre, et que de là,
cette découverte se soit étendue sur le monde
entier. Une pareille apparition qui contredit toute foi
religieuse et tout dogme scientifique ne pouvait se frayer
un chemin que parmi un peuple dégagé de toute
superstition. La loi naturelle spirituelle du rapport avec
le monde invisible ne pouvait pas renaître en Europe
où la conscience est encore enchaînée
par la dogmatique ecclésiastique, où les savants
pédants ne peuvent sortir du cercle étroit
du matérialisme qu'ils ont créé eux-mêmes
; la preuve se trouve dans l'opposition contre l'enseignement
spiritualiste qui, aujourd'hui encore, domine dans les Universités.
A vrai dire, l'Eglise poussait des cris de joie au commencement,
parce qu'elle y voyait une confirmation de l'immortalité
qu'elle enseignait, mais lorsque les esprits des défunts,
par leurs médiums, ne voulurent pas reconnaître
les dogmes et le "Saint-Sacrement", "l'humanité
rachetée par le Christ", "la damnation
éternelle" et d'autres doctrines erronées
créées par les hommes, ce fut alors tout à
coup l'Antéchrist qui avait apporté le spiritualisme
sur la Terre.
Et cependant, toute conception religieuse sur Terre est
née du spiritualisme, mais la conception spiritualiste
de la vie ne s'est jamais révélée aussi
pure et aussi évidente que depuis que les preuves
données par d'innombrables médiums ont surgi
dans une masse toujours plus compacte. C'est pour cela que
le spiritualisme ne peut plus être inquiété
par le terrorisme, par la menace du bûcher et par
des bulles pontificales, car son action dans toutes les
circonstances de la vie a déjà commencé.
Les plus grands politiciens, presque tous les princes de
l'Europe, des prêtres bien pensants et des savants
honnêtes ont déjà compris qu'une telle
philosophie qui est à même de prouver ce qu'elle
enseigne, est d'une grande portée pour le progrès
spirituel, social et moral de l'Humanité, car on
sait aujourd'hui que chaque poète, chaque homme de
lettres, chaque grand peintre, sculpteur, inventeur, orateur
etc
a son génie par l'influence du dehors
»
En 1854, l'Archevêque de Québec
condamnait le Spiritisme en affirmant que :
« les âmes des bienheureux ne se priveront
jamais, même pour un seul moment, de l'immense jouissance
de voir Dieu, uniquement pour satisfaire la curiosité
des vivants. Quant aux âmes des condamnés,
elles n'ont aucune possibilité d'accourir à
des invocations, puisqu'elles sont reléguées,
pour toute l'éternité, dans les feux de l'enfer.
Qui alors, si ce n'est le diable en personne et ses infernales
légions, pouvait bien être la source de ces
phénomènes ? »
L'Eglise ne devait pas se départir
de ces prises de position dans le suivi du temps -les choses
restant identiques de nos jours- et le 24 avril 1917, à
Rome, elle rendait une condamnation publique et sans appel
du Spiritisme en ces termes :
« En assemblée plénière, aux
éminentissimes et révérendissimes cardinaux,
inquisiteurs généraux de la foi et des coutumes,
il a été demandé :
Est-il permis, par l'intermédiaire des médiums,
comme on les appelle, ou sans leur collaboration, en faisant
ou non usage de l'hypnose, d'assister à des manifestations
spirites de quelque genre que ce soit, même avec des
intentions honnêtes de pitié, d'interroger
les âmes ou Esprits, ou d'en écouter les réponses,
en tant que simples observateurs, même en affirmant
tacitement et expressément de ne vouloir rien avoir
à faire avec les mauvais Esprits ?
Les pères éminentissimes et révérendissimes
ont répondu négativement à tous les
points. »
Deux jours plus tard, le Saint Père
approuva cette décision.
Rappelons
que certains Esprits très évolués ne
se réincarnent que pour nous aider dans notre évolution
sur Terre, pour accomplir une mission, pour servir de guides,
d'accompagnateurs, d'exemples aux masses dans les périodes
difficiles ou troublées que, par suite de ce que
l'on pourrait appeler un "karma de peuple", des
nations auront à vivre.
Le plus illustre exemple n'est-il pas celui de Jésus
?
Il en est de même dans d'autres religions, et nous
devons admettre que ces illustres instructeurs, qu'ils aient
nom : Jésus, Bouddha, Moïse, Krishna, ont dispensé
un enseignement émanant du monde divin et inspiré
par Dieu.
Ces paroles de Krishna à Arjuna, son disciple bien-aimé,
tirées de "Bhagavad Gità", ne résument-elles
pas la doctrine spirite sur la réincarnation ?
« De même que ce corps mortel passe par les
phases successives de l'enfance, de la jeunesse et de la
vieillesse, de même, après la mort du corps,
l'âme en revêt un nouveau
Comme l'on quitte des vêtements usés
pour en prendre de nouveaux, l'âme abandonne les corps
usés pour en prendre de nouveaux
J'ai eu bien
des naissances, et toi aussi, Arjuna ; je les connais toutes,
mais toi tu les ignores.
L'homme de bien, quand son corps meurt, se rend à
la demeure des purs, il y reste de longues années,
puis il renaît dans une famille de sages et de purs
alors il reprend les pieux exercices qu'il avait pratiqués
dans sa vie antérieure et s'approche d'un pas de
plus vers la perfection.
Quand il a dompté le mental par l'effort, le yogi
purifié de ses fautes, perfectionné par des
naissances successives, entre enfin dans la voie suprême
et après un certain nombre de naissances, il vient
à moi
et celui qui m'atteint n'a plus à
renaître. »
Plus modestement d'autres Esprits sont revenus, souvent
volontairement et dans un esprit de sacrifice -tel Gandhi-
jouer ce rôle sur Terre.
On retrouvait partout cette doctrine de la réincarnation
: le Bouddhisme adoptait l'idée de la transmigration
des âmes à travers des formes successives,
expliquant que l'âme accumule sur elle-même
les suites bonnes ou mauvaises de toutes ses migrations.
En
Egypte, les prêtres enseignaient que mourir était
seulement revêtir une forme nouvelle et que l'âme
pouvait se purifier dans des vies futures par une série
de transmigrations dans diverses formes animales.
Pythagore enseignait que les âmes passant par une
série de migrations et d'épreuves, s'élevaient
progressivement par la vertu, et s'abaissaient par le vice.
Il prétendait se souvenir avoir existé autrefois
et rappelait quelques-unes des existences qu'il avait successivement
vécues sur la Terre. Il disait avoir été
le guerrier Euphorbe qui assistait au siège de Troie.
Il avait d'ailleurs reconnu dans le temple d'Apollon le
bouclier que Ménélas, à son retour
de Troie, avait consacré à ce Dieu, en reconnaissance
de sa victoire sur Euphorbe.
Deux grands poètes et philosophes, parmi les plus
illustres du siècle d'Auguste, affirmaient aussi
la réincarnation.
Virgile disait :
« Après avoir ainsi tourné la roue
de l'existence, ces âmes vont par flots nombreux au
fleuve Léthé où Dieu les appelle pour
qu'elles y perdent le souvenir du passé et qu'elles
désirent retourner de nouveau dans un corps. »
Ovide l'exprimait aussi :
« La mort ne peut tuer ton âme ;
chaque fois que celle-ci retourne à la terre, elle
cherche une nouvelle habitation, et avec une puissance que
rien ne peut altérer, donne vie et lumière
à la nouvelle forme. »
Lucain, neveu de Sénèque, n'affirmait-il pas
que les ombres des morts se mêlent aux vivants ? Voici
ce qu'il disait aux Gaulois dans le chant Ier de la Pharsale
:
« Pour vous, les ombres ne s'ensevelissent pas
dans les sombres royaumes de l'Erèbe, mais l'âme
s'envole pour animer d'autres corps dans des mondes nouveaux.
La mort n'est que le milieu d'une longue vie
Ils sont heureux ces peuples qui ne connaissent pas la crainte
suprême du trépas ! De là leur héroïsme
au milieu des sanglantes mêlées et leur mépris
de la mort. »
Plutarque nous apprend que, fort souvent, d'excellents Esprits
intervenaient dans les mystères quoique parfois des
Esprits pervers cherchassent à s'y introduire.
César nous apprend à son tour que les Gaulois
croyaient à la pluralité des existences, les
âmes passant après la mort dans d'autres corps.
Chez les Romains, on évoquait les châtiments
éternels qui attendaient les coupables dans "le
Hadès" -lieu souterrain, séjour des morts-
qui devenait enfer, mais on évoquait également
les joies dont jouissent les âmes des justes qui,
possédant alors comme les dieux, la connaissance
de toutes choses, contemplent la merveilleuse harmonie de
la nature et continuent à s'intéresser aux
destinées de leur race qu'elles voient même
dans l'avenir, d'où l'idée toute naturelle
d'évoquer les âmes des morts, idée qu'on
retrouvait déjà dans Homère et Cicéron
qui disait qu'Appius en faisait sa pratique habituelle.
Cette pratique que l'on nomme, je le rappelle, nécromancie,
était déjà connue des Hébreux
mais interdite par la loi de Moïse, ce qui n'empêcha
pas Saül, bien qu'il eût poursuivi les évocateurs
de ses rigueurs, de consulter la Pythonisse d'Endor pour
faire évoquer l'âme de Samuel.
Retrouvons cette émouvante évocation dans
le Ier Livre de Samuel [chapitre 28 - versets
3 à 20] :
« Samuel était mort ; tout Israël avait
fait son deuil, et on l'avait enseveli à Rama, dans
sa ville.
Et Saül avait expulsé du pays les nécromants
ceux qui évoquaient les morts- et les devins.
Tandis que les Philistins, s'étant groupés,
venaient camper à Chounam, Saül rassembla tout
Israël et ils campèrent à Guilboa. Lorsque
Saül vit le camp philistin, il eut peur et son cur
trembla beaucoup.
Saül consulta Yahweh mais Yahweh ne lui répondit
ni par les songes, ni par les sorts, ni par les prophètes.
Saül dit alors à ses serviteurs :
Cherchez-moi une nécromancienne, que j'aille
chez elle et que je la consulte.
Ses serviteurs lui répondirent :
Il y a une nécromancienne à Endor.
Saül se déguisa et endossa d'autres vêtements,
puis il partit avec deux hommes, et ils arrivèrent
de nuit chez la femme et Saül lui dit :
Je t'en prie, fais-moi dire l'avenir par un revenant
et évoque pour moi celui que je te dirai.
La femme lui répondit :
Voyons, tu sais toi-même ce qu'a fait Saül,
comment il a supprimé du pays ceux qui évoquent
les Esprits et les devins ; pourquoi tends-tu un piège
à ma vie pour me faire mourir ?
Alors Saül lui fit ce serment par Yahweh :
Aussi vrai que Yahweh est vivant, dit-il, tu n'encourras
aucun blâme pour cette affaire.
Et la femme demanda :
Qui faut-il évoquer pour toi ?
et il répondit : Evoque-moi Samuel.
Alors la femme vit Samuel,
et poussant un grand cri, elle dit à Saül :
Pourquoi m'as-tu trompée ? Tu es Saül
!
Le roi lui dit :
N'aie pas peur ! mais que vois-tu ?
Et la femme répondit à Saül :
Je vois un spectre qui monte de la terre.
Saül lui demanda :
Quelle apparence a-t-il ?
Et la femme répondit :
C'est un vieillard qui monte
il est drapé dans un manteau.
Alors Saül sut que c'était Samuel, et s'inclinant
la face contre terre, il se prosterna.
Samuel dit à Saül :
Pourquoi as-tu troublé mon repos en m'évoquant
?
C'est répondit Saül que je
suis dans une grande angoisse : les Philistins me font la
guerre et Dieu s'est détourné de moi ; il
ne me répond plus, ni par les prophètes, ni
en songe. Alors je t'ai appelé pour que tu m'indiques
ce que je dois faire.
Samuel dit :
Pourquoi me consulter quand Yahweh s'est détourné
de toi et est devenu ton adversaire ? Yahweh t'a fait comme
il t'avait dit par mon entremise : il a arraché la
royauté de ta main et il l'a donnée à
ton compagnon, à David parce que tu n'as pas obéi
à Yahweh, et que tu n'as pas satisfait l'ardeur de
sa colère contre Amaleq. C'est pour cela que Yahweh
t'a traité de la sorte aujourd'hui. De plus, Yahweh
livrera, en même temps que toi, ton peuple Israël,
aux mains des Philistins. Demain, toi et tes fils vous serez
avec moi, le camp d'Israël aussi ; Yahweh le livrera
aux mains des Philistins.
Aussitôt Saül tomba par terre de tout son long.
Il était terrifié par les paroles de Samuel
»
En Grèce, comme à Rome, il y eut partout des
oracles des morts et cette pratique prit de telles proportions
qu'il fallut en demander la répression, mais elle
n'en devint pas moins une puissance avec laquelle le christianisme
entra en lutte dans le commencement.
Mêmes convictions en Chine, en Égypte, dans
l'Inde où l'on disait que les âmes des morts
ne quittaient pas la Terre, mais y demeuraient invisibles
avec la faculté de se manifester aux vivants si elles
le jugeaient à propos.
Dans la mythologie, il existait une croyance : les morts
non ensevelis errent sans fin sur les bords du Styx, et
la plus grande vengeance que l'on pouvait exercer contre
un ennemi était, bien sûr, de le priver de
sépulture.
Ces âmes errantes reviennent et continuent à
se plaindre tant qu'on ne les a pas apaisées en leur
donnant un tombeau ou, si l'on ne peut retrouver les corps,
en construisant un cénotaphe à leur intention.
En Grèce, les morts étaient sacrés,
on leur rendit un culte, ils étaient "les bons"
qu'on invoquaient comme protecteurs des foyers, des familles
et des cités. On leur réservait les noms de
"démons" ou de "héros"
et ceux auxquels la légende prêtait un pouvoir
surnaturel recevaient un hommage spécial rendu avec
des rites particuliers par l'oracle de Delphes.
A Rome, on faisait des morts de véritables dieux,
les dieux mânes, qui demandaient à être
honorés et qui apparurent plusieurs fois pour demander
des autels.
Dans
les temples du centre de l'Amérique, on communique
également avec les âmes.
Partout la vie questionne et la mort répond,
et si tant de peuples ont adhéré à
ces croyances et les ont intégrées à
leurs vies, n'est-ce pas là un plaidoyer en faveur
de ces croyances populaires : la croyance en l'immortalité
de l'âme et en une autre vie ?
Partout la vie questionne et la mort répond,
mais alors que l'étude des rapports qui unissaient
le monde des vivants au monde invisible était dans
ce temps le privilège d'un petit nombre d'initiés,
elle devint au dix-neuvième siècle le privilège
de tous, et le Spiritisme et toutes les sciences ésotériques
qui s'y rattachent, enseignèrent au grand jour toutes
ces vérités jadis tenues rigoureusement secrètes
et cachées aux vulgaires.
Les Egyptiens, les Chaldéens, les Perses, les Mèdes,
les Indiens, les Hébreux, les Grecs et les Romains
connaissaient en effet toutes ces sciences occultes que
les nouvelles civilisations s'efforçaient de reconstituer,
et les mystères égyptiens, les mystères
de ces autres peuples anciens enseignaient que la totale
connaissance de ces vérités ésotériques
ne pouvait être révélée qu'aux
seuls initiés qui avaient pu traverser les épreuves
auxquelles ils avaient été soumis.
« Il faut » disaient-ils « mesurer
la vérité selon les intelligences, la voiler
aux faibles, auxquels elle ferait perdre la raison, la cacher
aux méchants qui ne pourraient en saisir que des
fragments et feraient de ces sublimes connaissances des
armes de destruction et de malfaisance. »
Dès la plus haute antiquité, il y avait des
mages et des hiérophantes qui étaient chargés
du dépôt sacré d'une doctrine ésotérique
qu'ils conservaient soigneusement cachée dans le
fond des temples.
Cette doctrine contenait les principes immuables de la vérité
éternelle qui allait former les bases de toutes les
croyances spiritualistes et de la religion de tous les temps
et de tous les peuples.
Notre croyance est donc aussi ancienne que le monde civilisé
; les variations et les éclipses qu'elle a subies
ne sont que le résultat de la variabilité
des civilisations.
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Le
pourquoi de la vie
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