|
|
En
ce temps-là, Jésus disait à ses disciples
:
Vous attendez Elie alors qu'il
est venu,
Vous avez eu souvent, des occasions
multiples
De le voir, et pourtant vous
l'avez méconnu.
Ce Jean qui baptisait, Hérode
en sa folie,
L'a fait souffrir ainsi qu'il
me fera souffrir,
En vérité je
vous le dis, c'était Elie
Le précurseur qui, vous
savez, devait venir.
Vous voyez bien, prélats,
que cela scandalise,
Jésus Lui-même
admet la réincarnation ;
Après Lui, sur ses pas,
les Pères de l'Eglise,
L'avaient admise aussi, remplis
de conviction.
Et ce n'est que plus tard,
quand les premiers Conciles,
Ont commis cette erreur de
quitter le Sentier,
Qu'ils ont, hélas !
rendu les Temps bien difficiles,
Car maintenant l'erreur couvre
le Monde entier.
Pourtant, la Vérité,
par bonheur, n'est pas morte,
Nombreux l'ont conservée
intacte dans leur cur ;
Jésus Lui-même,
un jour, viendra lever la porte,
Et son flambeau rayonnera partout,
vainqueur.
On
croit que nous n'avons qu'une seule existence,
De laquelle dépend notre
commun salut ;
Elle acquiert de ce fait, une
grande importance,
Et, pour tous, devrait être
identique au début.
Or, c'est rien moins que vrai,
car dès notre naissance,
Différemment placés
dans des milieux divers,
Pour l'un, c'est la misère,
pour l'autre l'opulence,
Ou le ménage honnête,
ou le foyer pervers.
Sombre inégalité,
monstrueuse injustice,
S'il est vrai qu'il y a tant
de sévérité
Chez un Dieu, condamnant à
l'éternel supplice
Le pécheur que Lui-même
aurait déshérité.
Non ! Dieu n'est point cruel.
Il est la bonté même,
Ses desseins envers nous n'ont
rien de compliqué,
Mais supposons, pour bien résoudre
le problème,
Que l'âme préexiste,
et tout est expliqué.
Si
nous considérons notre petite Terre,
Comme unique séjour
où, pour l'éternité,
Se jouera notre sort, alors
je désespère
De la bonté divine envers
l'Humanité.
Avoir mis des milliers de siècles
pour construire
La nacelle où viendra
s'incarner l'être humain,
Et vouloir qu'en un seul, il
arrive à s'instruire,
Ou sinon c'est pour lui l'affreux
malheur sans fin,
C'est avoir du Très-Haut,
une bien fausse idée,
Car la raison s'insurge et
s'oppose à la foi
De ceux qui, sans juger, la
tiennent pour fondée,
C'est par l'Amour qu'on a les
curs, non par l'effroi.
Non, Dieu n'a pas voulu que
son uvre si belle
Soit ternie en créant
d'éternels réprouvés ;
Soyez donc rassurés,
la vie est éternelle,
Et nous renaissons tous pour
être tous sauvés.
A
peine l'âme humaine atteint notre planète,
Qu'elle subit déjà
la lutte à tout moment,
Car elle doit polir cette pierre
imparfaite
D'où sortira, plus tard,
un superbe diamant.
Pour ce travail ardu, passeront
bien des âges ;
Avons-nous pu penser qu'un
seul y suffirait ?
Pour transformer en "saints"
des natures sauvages
L'Eternel a donné tout
le temps qu'il faudrait.
Exemple merveilleux de sa bonté
féconde,
Il veut par son Amour, que
nous soyons sauvés,
Attendant patiemment pour que,
de par le Monde,
Lui viennent des élus
et non des réprouvés.
C'est pourquoi nous devons
renaître sur la Terre,
Reprendre, sans arrêt,
l'effort interrompu,
Et, mettant à profit
la leçon salutaire,
Regagner lentement, le paradis
perdu.
Si
c'est l'unique fois que nous venons sur Terre,
Pour y souffrir et pour lutter
à chaque instant,
On ne vit qu'en tremblant,
car, ô douleur amère,
C'est peut-être, à
la mort, l'Enfer qui nous attend.
Mais le petit enfant qui meurt
dès son bas âge,
Va droit au Ciel, nous dit
le bon théologien,
D'accord, mais je demande alors
qu'on envisage
L'injuste sort qui saute aux
yeux de tout chrétien.
En mourant jeune, on a cette
enviable chance,
De posséder, sans coup
férir, le Paradis ;
Que ne l'avons-nous tous ?
Voilà bien, je le pense,
Un problème à
poser parmi les plus hardis.
La Réincarnation nous
en donne l'issue,
Expliquant ce qui semble une
inégalité,
Il faudra bien qu'un jour,
elle soit reconnue,
Car, qu'on le veuille ou non,
c'est la réalité.
J'ai
toujours réprouvé ces luttes fanatiques
Que nous voyons éclore,
en tout temps, en tout lieu,
Entre mahométans, protestants,
catholiques,
Qui vont tous cependant, prier
le même Dieu.
Chaque secte détient
la Vérité profonde,
Ayant seule reçu la
mission du Très-Haut,
D'aller la propager sur tous
les points du Monde,
Même de l'imposer par
force, s'il le faut.
Absurdité flagrante,
et partant détestable,
Car, pour le Créateur,
la religion n'est rien,
Seul, dans le monde entier,
lui paraît agréable,
Celui qui le connaît,
qui l'aime et fait le bien.
Telle est la vérité
que nous devons comprendre,
Quel que soit le pays qui nous
donna le jour,
La secte, qu'en naissant, Dieu
nous oblige à prendre,
Pour chasser de nos curs
la haine par l'amour.
Vingt
siècles ont passé, depuis que sur la Terre,
Apparut, rayonnant, le doux
Galiléen,
Et jamais on n'a vu sourdre
autant de colère,
Autant de cruauté, par
tout le genre humain.
Et cependant, Jésus
parlant à ses apôtres
Leur disait : « Mes enfants,
employez la douceur
Entre vous, aimez-vous toujours
les uns les autres. »
Et c'est la haine, hélas
! qui sort de notre cur.
Quel spectacle navrant et quel
funeste exemple,
Alors que nous n'avons qu'un
seul et même Dieu !
Pouvons-nous, sans rougir,
l'adorer dans le Temple,
Sachant bien que, par nous,
tant de noirceurs ont lieu ?
Faut-il désespérer
que jamais l'âme humaine,
Ne puisse savourer la paix,
le doux repos ?
Ah ! certes, non, car la promesse
n'est point vaine :
Un jour, un seul Berger n'aura
qu'un seul Troupeau.
C'est
une vérité que le monde constate :
Ici-bas, c'est certain, l'homme
est né pour souffrir,
Il entre dans la Vie, et le
malheur éclate ;
Déjà, dès
le berceau, la tombe veut s'ouvrir.
Douleurs morales, maux cruels
de toutes sortes,
Reniements, déceptions,
l'assaillent à l'envi ;
Tout le monde connaît
ces néfastes cohortes,
Qui sont, pour le bonheur,
le plus vivant défi.
L'homme navré se dit
: « Pourquoi donc la souffrance ? »
Et sa demande arrive aux pieds
de l'Eternel ;
Mais le Théologien,
figé dans sa croyance,
Lui répond, résigné
: « Péché originel ! »
Tout ça, c'est vite
dit, mais c'est invraisemblable,
Car personne, ici-bas, ne souffre
également,
Or Dieu, c'est la justice infinie,
impeccable,
Il faut donc expliquer cela
tout autrement.
Connaître
les soucis, les luttes, les alarmes,
Et ne jamais goûter qu'un
bonheur imparfait,
Eprouver la douleur et verser
bien des larmes,
N'est-ce point, de la vie humaine,
le portrait ?
Ce bonheur éphémère,
on croit pouvoir l'atteindre
Et vite le saisir. Hélas
! en un instant
Tout s'écroule, et l'on
voit des illusions s'éteindre,
Et la ruine survivre à
l'or qu'on aimait tant.
Quest-ce à dire,
sinon que notre pauvre Terre
Est un lieu de souffrance,
un lieu d'expiation.
Le voilà, nettement
exposé, le mystère
Qu'il faut élucider
: la Réincarnation.
On dit qu'après la mort,
on entre au Purgatoire,
Où, pour gagner le Ciel,
il faut marquer le pas,
Quant à moi, plus de doute, et vous pouvez
m'en croire,
Le Purgatoire, amis, n'existe
qu'ici-bas.
La
Terre, avons-nous dit, c'est bien le Purgatoire
Où nous venons payer
les dettes d'autrefois,
Donc la résignation
s'en suit, obligatoire,
Puisqu'en fait la souffrance
arrive en juste loi.
Dieu la donne à chacun,
selon qu'il la mérite,
Plus personne ne peut, dès
lors, se révolter,
Et quel que soit le corps où
notre âme s'abrite,
C'est celui dont elle a besoin
pour récolter.
C'est simple, et cependant
combien c'est difficile
A faire admettre aux gens à
l'esprit prévenu,
Pourtant Jésus, Lui-même,
a dit dans l'Evangile :
Elie est bien venu, sans
être reconnu.
Vous avez tort, prélats,
de voiler ce message
Qui vous aurait donné,
j'en suis sûr, le pouvoir
D'amener l'incrédule
aux pieds de Dieu très sage ;
Mais vous avez des yeux et
ne voulez point voir.
La
Terre est une école où l'âme vient apprendre
A vivre sainement pour toujours
progresser :
Tant qu'on n'a pas compris
cela, c'est vraiment rendre
Inutile un séjour qu'il
faut recommencer.
Comme tout écolier qui
redouble sa classe,
Pour avoir négligé
son examen final,
Nous renaîtrons jusqu'à
ce que, de guerre lasse,
Nous ayons tous appris la
leçon, c'est fatal.
C'est pourquoi le progrès
moral, sur cette Terre,
Est si lent, car ils sont encore
très nombreux
Ceux pour qui le problème
est toujours un mystère.
Résultat : les Humains
se déchirent entre eux.
A vous qui gouvernez, un beau
devoir s'impose :
Savoir pourquoi l'on vit, c'est
tout en vérité.
|
|
|