Que me reste-t-il de la vie… que me reste-t-il ?
Que cela est étrange, il ne me reste que ce que j'ai donné aux autres.

Vahan Tekeyan

 

 

 

Etat des lieux du spiritisme au Brésil :
Franca, une ville comme les autres…

 

Spiritisme…

…état des lieux

   

On ne m'avait pas permis de délivrer aux groupes spirites brésiliens l'opinion chaleureuse du Ciel sur leur travail, et l'éloge de leur spiritualité lointaine ; on ne m'avait pas permis de rappeler que notre rôle est de semer largement les vérités que le Ciel nous a déjà données, de dispenser ces trésors non pas pour obliger des gens en retour, mais pour dispenser ces richesses pour que ceux qui les reçoivent puissent y puiser les éléments d'une autre compréhension, et peut-être d'un autre devenir, pour que chacun puisse grandir et se transcender !…

Tristesse immense, tristesse déjà vécue avant l'heure à travers les avertissements que Raphaël avait donnés -quelle situation peut être ignorée de leurs Plans ?…- mais tristesse que les contacts que j'allais avoir avec de nombreux Spirites et groupes spirites brésiliens allaient adoucir ; car nous avons approché des groupes qui se donnaient sans restriction à la détresse, consacrant leurs instants de liberté à cette détresse souvent inhumaine qui attend et qui se désespère…
Nous avons été au cœur de multiples organisations, fondations, groupes qui sans cesse et sans compter donnent et donnent toujours…

Nous avons visité des "maisons de soupe" où des êtres de tous niveaux sociaux et de tous âges, venaient aider au service de milliers de miséreux qui attendaient, dans une dignité absolue, le moment où ils pourraient assouvir leur faim. Ce que nous avons vu, nous aurions pu le voir dans d'autres quartiers, d'autres villes, car il y a des "maisons de soupe" partout, dans toutes les villes et dans tous les Etats. [document 1]
Nous avons vu ces bénévoles se dépenser sans compter pour réunir les éléments nécessaires à ces repas, participer à ces tâches élémentaires mais indispensables, sans prérogative de rang, de titre, en toute humilité, tendant simplement à l'accomplissement de ces gestes d'amour et d'altruisme, de ces gestes humanitaires.
Dans ces mêmes Centres, nous avons visité les salles immenses où sont entreposées toutes choses nécessaires à la vie quotidienne : des vêtements, des chaussures, des balais, des produits d'entretien et d'hygiène, des produits alimentaires, des ustensiles de toutes sortes, des matelas et paillasses, de la peinture, etc… en bref, tout ce qui peut contribuer à permettre ou améliorer la vie.
Nous avons ainsi eu devant les yeux le symbole des gestes d'entraide car tous ces produits étaient offerts par la population et les commerçants à des équipes d'adolescents qui se chargent de cette quête, comme ils se chargent d'apporter à domicile, à ceux qui ne peuvent se déplacer, les paniers-repas et les produits de première nécessité. [document 2]
Ce sont également eux qui aident, au moment de Noël, à préparer les paquets pour ces grandes distributions qui se font plus précisément.
Dans ces Centres spirites -toujours bénévolement- des médecins, des oculistes, des ophtalmologistes, des chirurgiens dentistes donnent des consultations ; des infirmiers et infirmières apportent leur concours, des pharmaciens exécutent les ordonnances et distribuent les médicaments, échantillons médicaux qui sont offerts par les laboratoires.
Nous avons visité des crèches qui accueillaient gratuitement les enfants, et où souvent, les mères étaient également prises en charge ; nous avons visité des écoles, des établissements d'éducation, des cours de formation professionnelle et universitaire, des hospices de vieillards, nous avons découvert des hôpitaux psychiatriques, où nous avons vu des médecins spirites travailler aux côtés de médecins plus… traditionnels, cohabitation efficiente de la science institutionnelle et de la médecine spirituelle.

Franca - Etat de São Paulo : Ville de 250 000 habitants, capitale de la chaussure, terriblement touchée par la crise qu'elle vient de traverser ; cette crise importante causée par les importations de chaussures des pays d'Extrême-Orient a entraîné la fermeture de ses usines, et partant, le chômage et la misère.
Exemple d'action spirite : cette usine qui a préféré maintenir des emplois plutôt que d'acquérir de nouvelles machines qui auraient pourtant amélioré le rendement et réduit le coût de production.
Exemple d'action spirite : les quarante-quatre groupes spirites qui, dans cette ville, ont, quelle que soit leur spécialisation, pour vocation première l'assistance alimentaire et bien sûr l'enseignement de la philosophie spirite.

 

Autre exemple, l'hôpital psychiatrique Allan kardec fondé par Antonio Marquez et dont la Fondation Spirite Allan Kardec assure la charge et l'organisation.
Hôpital psychiatrique ou havre de paix ? [document 3]
Cette structure accueillante aux bâtiments clairs qui s'articulent autour d'aires de repos et de détente plantées de fleurs et d'arbres, accueille plus de 400 malades des deux sexes entourés d'une équipe de médecins psychiatres conventionnels auxquels se joignent des médecins spirites qui, leurs vacations terminées, viennent bénévolement donner leur temps à cette œuvre, les uns comme les autres privilégient des thérapies douces d'où électrochocs et narcoses sont exclus, et où la médecine spirituelle joue un rôle important.
Les médecins spirites ne limitant pas exclusivement les troubles des malades à la petite enfance ou à la vie intra-utérine, mais pensant que les esprits faibles peuvent être troublés dans leur comportement par des Esprits désincarnés dont ils subissent l'influence, ou par des réminiscences de vies antérieures, la base de la thérapie spirite est la désobsession ; le travail se fait par des séances de travail spirituel, organisées tous les matins, séances où les malades viennent assidûment, et en toute liberté, recevoir les passes données par des médiums pour rééquilibrer les fluides et les énergies, et des séances de désobsession qui sont également pratiquées par des médiums et vont permettre un travail plus direct sur les Esprits obsesseurs, car les maladies psychiatriques sont souvent la résultante d'antinomies karmiques qui pourront s'apaiser ou cesser si les médiums peuvent arriver à éduquer l'Esprit obsesseur et l'amener au repentir.

Des musiciens viennent régulièrement donner des concerts aux malades qui se présentent dans cette salle de travail spirituel, et nous avons vu des responsables, médecins, assistantes sociales, infirmiers en communion avec ces mêmes malades.
Il est à noter que l'homéopathie est la thérapie de prédilection, et dans cet hôpital, où existe une surface de culture de plantes médicinales cultivée et entretenue par les malades, un projet de pharmacie homéopathique et de phytothérapie est à l'étude. [document 4]

Les malades vivent en complète liberté dans cet hôpital où ils conservent ou retrouvent leur dignité humaine. Entourés par des équipes attentionnées -trois cents personnes souvent bénévoles- ils ont des activités multiples : jardinage, ateliers de travaux manuels et de finition de petits mobiliers, fabrication d'objets divers pour les hommes, cuisine, pâtisserie, broderie, couture pour les femmes.
Ces diverses productions exposées dans un magasin attaché à l'Hôpital sont vendues à la population, apportant quelques revenus supplémentaires à la Fondation car les dons ne suffisent pas à assurer la vie de cette énorme entreprise.[document 5]
L'activité professionnelle des malades reste cependant limitée à environ deux heures et ils peuvent, en parallèle, s'adonner à des distractions ou des sports, car l'hôpital dispose d'un terrain de football éclairé de nuit, d'un terrain de basket qui a vu la rencontre de l'équipe nationale avec les malades, et met à la disposition de ces mêmes malades divers jeux : ping-pong, boules, dames, dominos etc… dans ce cadre, cette occupation du "corps et de l'esprit" et ce retour à la nature apportent aux malades un plus grand sentiment de liberté.

La devise de l'Hôpital Spirite Allan Kardec pourrait se résumer dans ces mots : Attention… Compréhension… Respect… Chaleur… Amour… Dialogue… Ouverture… Liberté…

 

Autre exemple d'action spirite : les maisons d'accueil pour les vieillards. Au Brésil comme en France, la vieillesse est trop souvent dérangeante, pesante, et on se débarrasse souvent de ceux qui auraient pu espérer pouvoir être entourés de tendresse et d'amour pour la fin de leurs jours…
Avez-vous déjà visité ces mouroirs où des vieillards attendent désespérément les jours de visites, se font changer, coiffer, se font parfumer et attendent… mais les jours passent et les portes ne s'ouvrent jamais car personne ne vient ; les enfants sont trop pris par le tourbillon de la vie qui supplante trop souvent le souvenir de ceux qui ont accompagné leurs pas sur le chemin de cette vie !… La porte ne s'ouvre jamais, et lorsque la journée s'achève, ils sont là, mains croisées sur les genoux, têtes baissées, et repartent tristement pour une autre nuit qui va commencer, symbole de la nuit qui s'étend définitivement sur leurs derniers chemins, sur leurs derniers tronçons de vie…
Au Brésil, il en est de même, et les Spirites mènent une campagne constante pour sensibiliser les jeunes au respect des vieillards, à la nécessité d'une continuité de contacts et d'échanges, car ce qu'ils déplorent n'est pas le placement des vieillards en hospice où ils sont entourés et respectés, mais l'abandon et l'oubli des familles.

 

Représentatif de cette action : le Centre Judas Iscariote -ce nom a suscité de nombreuses réactions car beaucoup n'ont pas compris que le choix de ce nom abhorré était le symbole même du pardon, précepte éthique fondamental de la philosophie spirite- où la chaleur de l'accueil supplée à la simplicité des locaux, car le seul luxe de cet établissement est certainement le résultat du respect, de l'attention, de la tendresse de ces équipes qui, par leur abnégation, offrent à ces déshérités -le mot ne sera pas trop fort- une nouvelle famille.
Ici, également, assistance alimentaire, car le repas des résidants terminé, les portes s'ouvrent pour une distribution de nourriture et de café aux personnes nécessiteuses.

A l'entrée du Centre, dans la cour plantée de quelques arbres, des bancs de pierre, offerts par d'autres groupes, d'autres courants de pensée, les francs-maçons par exemple, une communauté protestante, des organismes officiels, des particuliers, symboles de la reconnaissance de la valeur de l'œuvre. [document 6]

Judas Iscariote c'est aussi un théâtre où sont jouées des pièces spirites, autre façon de divulguer le message spirite. [document 7]

 

Centre d'Assistance Spirite Albert Ferrante : une de ces "maisons de soupe" parmi tant d'autres : 1 500 repas servis quotidiennement, matin et soir, grâce au bénévolat d'équipes d'une dizaine de personnes qui se relayent tous les jours ; assistance de 1 200 familles, problème vital élargi jusqu'à l'assistance sociale, médicale et pharmaceutique, avec, en parallèle, l'assistance spirituelle dispensée quotidiennement et gratuitement à tous, par prières, passes magnétiques et soins spirituels.

 

Autre œuvre philanthropique : la Fondation Pestalozzi [document 8]
Deux établissements qui accueillent 3 200 élèves de toutes confessions religieuses -catholique, protestante, juive et bien sûr, spirite- qui, en parallèle de l'enseignement de base, peuvent accéder à différentes disciplines : comptabilité, commerce, informatique, dans des locaux clairs, presque luxueux, aux vibrations de paix produites peut-être par les teintes de bleu pâle et blanc si chères aux spirites car génératrices d'ondes lénifiantes pour les humains, et favorables à une relation avec les Esprits supérieurs, mais vibrations de paix générées par l'esprit du lieu, mélange de respect, d'amour et de tolérance.
Un laboratoire de physique et chimie ultra-moderne et suréquipé qui possède un matériel pédagogique hors du commun comprenant plus de vingt microscopes, plus de vingt plans de travail permettant plus de vingt expériences simultanées, est à la disposition des élèves, qui peuvent, en parallèle, travailler dans une importante bibliothèque qui jouxte un conservatoire de musique dont les salles, à l'atmosphère feutrée des salons de musique d'un autre temps, offrent avec leurs dix pianos et divers instruments un large éventail de possibilités.
On a bien sûr pensé aux élèves qui sont obligés de travailler : ils peuvent suivre des cours du soir.
Je dois préciser que ces établissements ne sont pas exclusivement réservés aux nécessiteux. La plupart des élèves dont les parents peuvent le faire, payent leur scolarité, les autres sont accueillis gratuitement et bénéficient des mêmes avantages et du même enseignement de valeur.

Je dois aussi préciser qu'il en est de même pour les hôpitaux spirites qui sont des institutions à caractère privé qui existent grâce aux dons de sponsors ou à des actions personnelles, kermesses, brocantes, etc…

En parallèle de ces établissements, se créent d'autres structures réservées exclusivement aux enfants pauvres.
Le Temple Spirite Vincent de Paul -dont la construction a pu être financée par des dons, mais aussi par les bénéfices de kermesses (plus de trente par an) rendues possibles par le produit du travail d'équipes de bénévoles : vêtements, meubles, pâtisseries et spécialités culinaires, et bien sûr, par les ventes de livres spirites- allait ouvrir ses portes avec le concours de professeurs rémunérés par l'Etat et de professeurs bénévoles : six classes d’enseignement primaire, deux classes réservées à une formation commerciale et une à l’initiation à l’informatique ; un département de divulgation doctrinale, une salle de réunion, avec bien sûr en fond, un service d'assistance alimentaire, un service d'assistance médicale -cabinet dentaire et cabinet médical-, un service d'assistance juridique, un coiffeur.

Attachés au même groupe :
       • un centre de travail spirite, avec ses diverses classes d'évangélisation -dont une classe d'évangélisation infantile où les enfants sont accueillis à partir de deux ans- ses salles de purification, où des médiums passistes donnent les passes de régénération, ses salles de désobsession ;
       • une bibliothèque publique qui offre gratuitement plus de 3 000 titres de livres spirites à 1 700 adhérents qui ont également accès à une importante vidéothèque ; il reste bien entendu que l'adhésion n'est pas une condition sine qua non : la bibliothèque est ouverte à tous.

Et parce qu'au Brésil on attache une importance capitale aux livres qui permettent la divulgation de la doctrine spirite : ouvrages fondamentaux -en particulier ceux d’Allan Kardec- et messages reçus par différents médiums -dont Chico Xavier, auquel les spirites brésiliens vouent un véritable culte- un service de diffusion propose plus de 25 000 titres et assure des expéditions quotidiennes.
Des librairies spirites mobiles sillonnent les routes, les villages, les villes, mettant le champ d'exploration de la littérature spirite à la portée de tous. [document 9]

 

Cette incursion dans le Monde et l'œuvre spirites d'une ville brésilienne parmi tant d'autres, vous aura peut-être permis une appréciation du travail accompli dans ce pays où, c'est vrai, la cohabitation avec l'Institution et le Pouvoir, avec les Eglises, a enfin pu se réaliser dans la tolérance…

On peut voir dans les villes bon nombre de panneaux d'affichage ; des campagnes se font pour la lutte de tous crimes : la peine de mort, l'avortement, l'euthanasie et… le suicide. [document 10]

Peut-on rester indifférents à ces gestes de dévouement et d'abnégation ? Certains considèrent que le Brésil n'a que peu de mérite car il a derrière lui plus d'un siècle de culture spirite ; c'est vrai…
mais qu'en est-il de la France, berceau du Spiritisme ? Où est l'œuvre spirite de la France, une France qui reste toujours, aux yeux des spirites du Monde, le symbole de la spiritualité, l’exemple à suivre… le modèle ?

J'écris, et mes pensées s'envolent vers Franca, et les mots d'un journaliste chantent encore dans ma mémoire :
« …Nous avons essayé, peut-être avec beaucoup d'orgueil, d'imiter notre grande sœur la France car nous nous sommes dit : « Franca » et « França », c'est presque le même mot, et nous avons œuvré avec la seule prétention, que notre action au Brésil soit l'imitation de l'action spirite en France ! »

Non, amis lointains et pourtant si proches, le modèle devant toujours être un idéal de valeur et de grandeur, n'essayez pas d'imiter la France, mais au contraire, reprenez ce flambeau que des mains puissantes avaient levé bien haut pour illuminer un siècle naissant ;
brandissez-le au carrefour de nos routes pour que sa flamme, ranimée par le souffle puissant de vos œuvres, puisse de nouveau briller pour écarter nos Ombres…


marcelle olivério