Tu as cru aux « emballements » d’un moment et maintenant la désillusion met en toi le chagrin et le désespoir.
Sèche tes larmes et secoue ce fardeau de souffrance qui pèse sur tes épaules et accable ta vie. Cherche la force de comprendre et de chasser de ton être ce souvenir lancinant doublé du désarroi du spectacle d’un autre bonheur.

Ne te laisse pas, enfant, emporter par une imagination qui te conduit à ouvrir de tes mains ta blessure en y enfonçant le fer acéré de la jalousie, la flèche empoisonnée de la déception, la brûlure intense de tes regrets et de tes désillusions.
Un jour viendra où le bonheur sera de nouveau en toi, avec un autre visage, d’autres vibrations et tu retrouveras la paix.

Pourquoi, enfant, ne pas élever plus souvent tes pensées ?
Tu recueillerais en échange la moisson merveilleuse des offrandes de paix et d’amour qui adouciraient tes blessures.
Dépose le fardeau pesant et stérile que tu portes en ce moment, relève la tête et avance d’un pas raffermi vers ce qui t’attend.

Ce n’est pas faire un pas en avant que d’accepter l’évidence des atermoiements entre un amour que tu ne veux point chasser de toi et qui n’existe pas et n’a jamais existé, et cette tendresse immense qui te sera offerte.
Ce n’est pas faire un pas en avant que de reconnaître que tu veux encore t’accrocher aux branches cassées quand tu sais que le gouffre est sous tes pieds au lieu d’avancer la main pour t’accrocher aux aspérités d’un rocher, tranchantes, certes, mais qui te permettraient avec effort de rejoindre la terre ferme.
Ce n’est pas faire un pas en avant, ami ;
ne peux-tu avoir le courage de l’effort terrible qui te propulsera vers d’autres sommets ?

Tu penses trop souvent, dans le secret de tes jours, à cet être qui tient en ce moment ton cerveau et ton âme comme le maître-chien tient à sa botte le chien tremblant qui guette l’ordre pour l’exécuter de son mieux afin de plaire au maître, et, même si la haine ronge son cœur et si ses dents souvent se découvrent dans un rictus de violence, il ne vit pourtant que pour ce maître qu’il déteste et adore et dont il dépend, et dont pour rien au monde il ne voudrait être séparé.
Tu es comme le chien grondant, ami, tu détestes cette main qui te tient à sa botte, mais comme le chien grondant, ton esprit et ton cœur ne cessent de lui appartenir dans un mélange de haine et de tendresse que tu n’as jamais pu chasser de ton être.

Que ne peux-tu, ami, descendre profond, plus profond encore dans le silence de ton cœur angoissé ?

 

Raphaël Archange
médium : marcelle olivério
extrait du livre Ephphata