|
|
Le
ciel, que les nuages souvent obscurcissent, retrouve toujours
la pureté lumineuse et le bleu intense où
les regards cherchent loffrande despoir et de
paix tranquille.
Vous
souvenez-vous, amis, de ces sombres nuits dhiver,
où, dans le fracas des éléments déchaînés,
lobscurité envahissante et glacée oppressait
vos curs et refroidissait vos corps ?
La pluie, la neige, le froid, le tonnerre grondant et les
éclairs terrifiants sabattaient sur la terre
immobile qui attendait passivement ces manifestations de
violence en frémissant.
Mais,
amis, vous dont les corps fatigués et transis de
froid avez cherché le toit amical, le refuge, le
havre de paix, la chaleur et la tranquillité douillette,
vous, amis, avez laissé en entrant, sur le seuil
de cette maison, où la chaleur du foyer réchauffait
vos âmes, ces angoisses de lobscurité
et de la tempête ; et, blottis dans ce confort,
rassérénés, calmes, il vous était
doux découter la pluie frapper les vitres dans
un crépitement rageur, comme voulant tout briser
pour vous poursuivre et vous atteindre ; et vos curs
légers semblaient narguer la tempête qui faisait
rage et les éclairs, le tonnerre qui déchirant
les nues, semblaient se précipiter pour détruire
et tuer.
La tempête, amis, était là, dehors,
et le havre de paix baigné de tiédeur et damour
la défiait du creux de sa coquille.
Havre
de paix et damour...
Le cur aimant, les mains qui se tendent en un geste
affectueux vous offrent ce havre de paix ; lélan
dun cur que seule la tendresse habite, vous
entourera de cette coquille pour vous protéger des
assauts de cette tourmente qui se déchaîne.
Laissez, amis, cette tourmente hors des murs ; laissez,
amis, le tonnerre grondant et les éclairs fulgurants
loin de ce havre de paix. Ne laissez pas, amis, la pluie
cinglante et froide, la bourrasque de neige et le vent tourbillonnant
éteindre les flammes qui dansent dans ce foyer, en
vous réchauffant.
Fermez, amis, les portes et les fenêtres à
ce tumulte, à cette dévastation.
Regardez,
amis, regardez le spectacle déchirant des terres
recouvertes de cette boue noire et gluante, des jardins
où rien ne résiste et où les fleurs
décapitées par les assauts rageurs dun
vent déchaîné laissent leurs pétales
tomber et voler, pour ne rester que tiges dérisoires
et inutiles dressées vers le ciel, comme lélan
angoissé dune âme qui appelle et à
qui rien ne répond.
|
|
|
|
|
Ô
vous dont les vies parfois ressemblent à ces tempêtes
dévastatrices, ressemblent à cette désolation
que les éléments déchaînés
ont apportée, courez, courez loin de ces lieux détruits,
sans vous retourner, courez sur ce chemin plein dornières,
plein de trous profonds où leau stagne, glacée,
et gicle sur vos chairs ;
courez, mais courez pour aller plus loin, chercher, par-delà
le temps et lespace, par-delà les distances,
le pays de douceur où, sous lazur dun
ciel toujours pur, sous la caresse rafraîchissante
dune brise, dans la douceur des lieux et la tendresse
des êtres, vous trouverez ce rayon de soleil qui,
en réchauffant vos curs et vos corps, fera
renaître en vous, fera revivre en vous, ce germe despoir,
ce germe damour, et vous saurez, amis, que cet amour,
alors, sera né des cendres froides et sera sorti
de la dévastation destructrice, ô combien,
de la haine et de la terreur, de langoisse et de lorgueil.
Amis
très chers, que nécoutez-vous, une fois
seulement, lappel venu den haut qui vous dit :
« Posez vos armes, ouvrez vos curs, ouvrez vos
bras et tendez les mains. Acceptez le geste doffrande
à faire, fermez vos âmes à ces élans
de haine, à ces assauts de la colère, à
ce vouloir de destruction. Tendez vos vies et vos élans
vers cette tendresse infinie et vibrante où dans
la gerbe irisée et chatoyante du don vous pourrez
puiser le bonheur et la paix. Puisez, amis, dans cette gerbe,
pour offrir une fleur damour, une fleur de pardon,
une fleur de charité et un bouquet affectueux de
compréhension. »
La lame ne doit plus étinceler sous les rayons ou
la lumière. Remettez au fourreau, amis, cette épée
que vous vous plaisez à brandir dans un geste vengeur,
remettez au fourreau, amis, ces lames froides qui, aveugles,
pénètrent les chairs et rougissent la terre.
Comme
lenfant, ayez le courage de lever des yeux remplis
damour vers ces êtres que vous aimez, acceptez
de reconnaître vos erreurs envers ces êtres
que vous aimez.
Vous obligez, amis, lenfant dont la faute a été
grande à demander pardon, et lenfant honteux,
les larmes dans la voix, le cur battant à tout
rompre, le rouge au front, savance, et timidement,
en balbutiant un peu, des sanglots plein la voix, répète :
« Je te demande pardon davoir été
méchant...
je ne le ferai plus... »
Il a osé, amis, et le cur brusquement soulagé,
il attend angoissé, sans oser lever les yeux, le
verdict de sanction ou
damour qui pénalisera
ou
pardonnera ; et son petit visage enfin se lève
vers lêtre puissant qui le domine, en quémandant
ce mot damour qui effacera son erreur et lui prouvera
quenfin il nest plus coupable et que sa place
est là, toujours, au fond de ce cur qui, il
lignore, ne bat pourtant que pour lui.
Ayez
le courage de lenfant, amis, et osez dire non plus
à lêtre qui domine mais à légal
qui est là près de vous :
« Pardon, ami, pardon ; je reconnais mes
torts et mon cur angoissé attend ton verdict.
Fais, ami, quil ne soit quun verdict damour
et de pardon, car la sanction détruirait mon être. »
Ah !
amis, lhumilité est grande dans ces moments-là,
et lorgueil, lorgueil blessé naccepte
pas bien souvent ce geste, cet échange, cet espoir.
Regardez-vous
droit dans les yeux, dans ces instants où la haine
gronde en vous, et cherchez par-delà le masque convulsé
de rage, le souvenir du visage ami et du regard confiant
et doux qui enchantaient vos heures et réchauffaient
vos curs.
Tristes,
ô combien tristes sont ces échos de guerre
que nous percevons, tristes, désolants et tragiques.
Je
ne voudrais pas, amis, vous ennuyer par des demandes réitérées
délans damour, de fraternité et
de tendresse, mais je voudrais tellement ouvrir pour vous
cette porte obstinément close qui vous sépare
du jardin vert et frais où le murmure des eaux, la
fraîcheur des cascades, la douceur de lair,
la senteur des fleurs et le chant des oiseaux pourraient
apaiser la brûlure de vos fronts et adoucir vos chagrins
dans lenivrement profond et exquis de la tendre beauté.
Jai
ouvert pour vous ces portes ; à vous de savoir
si vous voulez que vos pieds foulent lherbe fraîche
et douce, ou si vous voulez que vos pas vous ramènent
vers les ténèbres obscures où les dangers
cachés attendent sur ces chemins où les pierres
tranchantes et invisibles ouvriront de nouvelles plaies
à vos pieds fatigués.
Gardez
confiance, amis, gardez confiance car les jours jamais ne
se ressemblent et la douceur des heures suivra un jour lhorreur
du drame.
Raphaël
Archange
extrait du livre Ephphata
médium : marcelle olivério
|
|
|