Tu as en mains les éléments d’une vie de médiocrité que tu
crois être ton trésor.
Avec amour, nous t’offrons le trésor plus précieux d’une autre vie, mais tu ne peux te décider à aller vers cet espoir.
Tu regardes avec envie les promesses de cette vie brillante, mais ne peux ni ne veux abandonner cette vie de peu d’importance.
Est-il si difficile d’apprécier les choses à leur juste valeur ? Pourquoi ne peux-tu choisir ?

Tu es comme l’enfant qui a trouvé pour jouer un morceau de chiffon informe et à qui on veut le retirer.
Le chiffon est sale, déchiré, répugnant, mais parce qu’il le considère comme un trésor, il ira le cacher dans le coin le plus sombre de son appartement pour le soustraire aux mains énergiques qui voudraient lui retirer ce haillon ô combien dangereux par les microbes qu’il contient pour le jeter.

Tu es, ami, comme ce chien à qui on vient d’offrir une écuelle de viande rouge et fraîche et qui, après s’être repu et délecté, après un dernier coup de langue au fond de ce plat pour ramasser les bribes de chair et les gouttes de sang, se précipite sur un vieil os noir, plein de terre et sans goût qu’il retrouve avec le plaisir immense de la part la meilleure ; et, si le maître retire cet os terreux et sec, la bête hérissée et grondante montre les crocs et s’acharne pour garder les dents serrées sur ce bien qu’elle considère comme précieux.

Tu agis de même, ami ;
comme l’enfant tu veux les beaux jouets mais veux garder ton chiffon sale,
comme le chien, tu veux bien manger dans l’écuelle, mais tu veux aussi montrer les dents à quiconque essaiera de tendre la main pour retirer de ta bouche la pourriture de l’os.

Réagis, et puisque le choix s’impose, ose-le.

 

Raphaël Archange
médium : marcelle olivério
extrait du livre Ephphata