Qu’est l’âge, Humains, qu’est l’âge ?

Vous comptez les années en vous attristant sur une ride ou sur un cheveu blanc. Que ne pouvez-vous, Humains, connaître le nombre de vos années et de vos cheveux blancs !
Acceptez cette vieillesse ou cette jeunesse définitive.
Les ans s’écoulent, et sur certains, la dévastation est si grande que les ruines sont là. Comme le cataclysme qui ébranle et détruit, comme l’eau qui creuse la terre de sillons profonds, les années passent et s’écoulent et les corps dévastés et burinés s’effondrent et s’affaissent ; et les rides profondes, les sillons creusés sur les visages gardent dans leurs plis le regret intense de ces années de jeunesse que peu ont su utiliser.

Mais, amis, souvenez-vous qu’il n’y a pas que cataclysme et eaux grondantes, il y a aussi la brise légère, le doux zéphir qui ne détruisent point mais rafraîchissent et apaisent ; il y a aussi l’eau cascadante qui en gerbes éblouissantes de gouttes brillantes, n’apporte que fraîcheur et bien-être, et l’herbe est verte, et les fleurs embaument et la terre revit.

Telles sont les années qui passent sur certains êtres élus ; et si l’herbe quelquefois comme les fleurs, courbe la tête, elle restera verte et seule l’empreinte humide laissera le souvenir d’un passage simplement nécessaire.

 

Raphaël Archange
médium : marcelle olivério
extrait du livre Ephphata