Mais Dieu lui dit : « Insensé, cette nuit même on te redemande ta vie,
et ce que tu as préparé qui donc l’aura ?
Voilà ce qui arrive à celui qui amasse un trésor pour lui-même
au lieu de s’enrichir auprès de Dieu »
.

LUC - Livre 12, versets 20 et 21.


Faites-vous des bourses inusables, un trésor inaltérable dans les cieux ;
là ni voleur n’approche, ni mite ne détruit.
Car où est votre trésor, là aussi sera votre cœur.

LUC - Livre 12, versets 33 et 34.

 

 

 




message à l'Homme riche…

   
   



Ô toi, qui vis désolé et triste, l’âme déchirée, le regret au cœur, l’amertume aux lèvres car tu ne possèdes pas ce bien précieux: la richesse, écoute !

L’homme riche ne l'est que parce que Dieu a voulu qu’il le soit, car, la richesse d’aujourd’hui sera la pauvreté de demain, la pauvreté d’aujourd’hui a été la richesse de jours antérieurs dont le souvenir s’est effacé de votre esprit.

Ô Hommes, que ne savez-vous ce qu’est la richesse !

Vous dites posséder, mais que possédez-vous ?
Vous n’êtes que les dépositaires d’un bien dont vous aurez à rendre des comptes.

Saurez-vous être les gestionnaires de cette fortune que l’on vous a confiée ?
Vous l’utiliserez, certes, pour vos besoins, mais il vous faudrait dispenser le superflu de vos jours à ceux qui n’ont rien.
Le faites-vous ?
Faites-vous ce geste d’offrande qui apaise la faim de ceux qui souffrent, la souffrance de ceux qui pleurent, qui comble les jours de ceux dont le dénuement est immense ?
Dépositaire, vous n’êtes que les dépositaires d’un bien dont vous avez seulement la jouissance.

Ne tirez pas orgueil de vos richesses, car, où est votre richesse ? Est-ce par l’épaisseur du blindage de vos coffres qu’on la jugera ? Est-ce dans le montant du crédit de vos comptes bancaires qu’on l’estimera ? Est-ce sur la coupe des vêtements que vous portez, griffés des meilleurs noms, ou dans le luxe somptueux des lourds bijoux et des pierres que vous offrez, qu’on le verra ? La richesse réside-t-elle dans vos multiples maisons, vos voitures luxueuses ou vos bateaux ?
Où est votre richesse ?...

Non, la richesse, la vraie richesse vous la trouverez non en ouvrant vos coffres, mais en ouvrant vos cœurs, non en la cherchant dans des monceaux d’or et de pierreries, mais en la cherchant dans vos âmes, et vous serez riches de puissance et d’amour si vous savez faire ce geste qui apportera le bonheur aux autres.

Ne soyez pas esclaves de la richesse, acceptez-la comme l’instrument qui vous permettra d’œuvrer et d’agir. Ne soyez pas esclaves des biens matériels, n’exigez que le strict nécessaire de vos vies. Détachez-vous de ces biens, libérez-vous de ces contraintes matérielles.

Le ballon captif reste au sol retenu par ses entraves, mais, coupez ces entraves et le ballon s’élèvera dans l’azur. Plus on jettera de lest et plus haut il montera et s’envolera léger et silencieux au-dessus de tout ce qui restera attaché au sol.
Soyez comme le ballon. Coupez vos entraves et jetez ce lest, et, comme lui, vous vous élèverez et vous pourrez aller plus haut.

A quoi sert de décorer des maisons d’un luxe inutile ? N’embellissez pas vos murs, embellissez vos cœurs. Ne recherchez pas les objets précieux qui réjouiront vos yeux, recherchez les actions précieuses qui réjouiront vos cœurs. Tendez vos efforts non dans ce travail inutile d’amasser des trésors, mais dans ce travail positif et valable d’offrir une fortune.

Où est ta richesse, Homme ?

Cherche-la au plus profond de ton être, dans ta foi, dans ta charité, dans ton amour, dans tes élans.

Tel vit une vie de misère, cette misère sinistre qui donne aux êtres l’allure de coupables, qui donne aux maisons le nom de taudis, qui met dans l’âme la colère et la révolte, celle qui fait se culpabiliser un être parce que, pour tromper sa faim il a pris un morceau de chocolat à un enfant, cette misère qui laisse les joues pâles et les yeux brillants, tel vit cette misère, et pourtant, si l’élan de son cœur, si la confiance de son âme le portent, il serrera dans ses bras la plus merveilleuse des richesses. Et lui qui n’a rien, saura partager avec le frère malheureux, le morceau de pain dur qui fera renaître la vie.

Regardez, Hommes riches, ces enfants de la misère qui ne pouvant ouvrir leurs coffres pour y puiser de l’or, savent ouvrir leurs cœurs pour y puiser l’amour.

Regardez, Hommes riches, ces enfants de la misère qui ne pouvant offrir le luxe de leurs demeures, offrent cependant la chaleur de l’accueil.

Regardez, Hommes riches, ces enfants de la misère qui, ne pouvant vivre leurs jours dans un tourbillon de plaisirs, vivent leurs heures dans un tourbillon d’élans.

Où est la richesse ?

Est-ce dans la vie de ceux qui, du haut de leurs balcons dorés regardent, ou est-ce dans le secret des demeures obscures et chaleureuses que tu la trouveras?

Ouvrez vos cœurs. Que la charité soit votre compagne de tous les instants. Faites le geste d’offrande que la richesse permet, mais cependant, Hommes riches, sachez donner, donner non pas pour prouver que vous le faites, mais donner en vous excusant, en faisant comprendre que le débiteur de ce geste n’est point celui qui reçoit, mais celui qui donne. Agissez avec tact, car la plus belle des offrandes ne pourra se faire qu’avec le geste d’amour, sans blesser, et sans exiger en retour que les êtres secourus se prosternent à vos pieds pour vous encenser de leurs mercis. Restez, Hommes riches, dans l’ombre luxueuse de vos demeures pour projeter sur les pauvres taudis la lumière d’amour, et lorsqu’enfin vous rendrez compte au Très-Haut de ce dépôt qu’il vous avait confié, si vous agissez, Hommes riches, avec ce tact né des élans d’un cœur, vous pourrez, en rendant vos comptes, dire simplement :

« Oh ! Seigneur, je crois avoir fait bon usage de ce trésor que tu avais mis entre mes mains, et je t’apporte aujourd’hui l’intérêt de ce prêt : le bonheur que mes actions ont pu mettre en mon
cœur... »


Raphaël Archange
extrait du livre Ephphata
médium : marcelle olivério