Car c’est d’après tes paroles que tu seras justifié,
et c’est d’après tes paroles que tu seras condamné.

MATTHIEU - Livre 12, verset 37.

 

 




   
  maîtrise les mots…

   
   

La parole est aussi dangereuse qu’une arme. Sais-tu, ami, ce que peut faire une parole ?

As-tu déjà vu le paysage grandiose des montagnes ?
Sur les pentes enneigées, le soleil darde ses rayons et tout étincelle. L’air est pur, le calme est infini, tout est tranquille. Mais, si brusquement un doigt presse la gâchette d’une arme, le coup part, éclate ; l’écho renvoie amplifié le bruit de ce coup qui déchaîne la catastrophe, l’avalanche, et les pierres roulent, descendent sur les pentes enneigées, scintillantes au soleil : une pierre, puis une autre, une autre encore, puis encore une autre; un rocher suit, et dans un grondement effroyable et sinistre, la montagne s’écroule et roule, emportant tout sur son passage ; et l’on entend les cris, les hurlements, les appels au secours, les râles de souffrance de ceux qui, émerveillés contemplaient l’azur serein et dont les chairs déchirées et broyées tachent la neige de sang.

Puis, tout à coup, le silence se fait, et si le soleil fait resplendir encore des étoiles de neige, si l’air est encore pur, le silence est maintenant le silence de la mort.

Voilà, ami très cher, la parole comme le coup de feu éclate, explose, déchaîne l’avalanche.
Alors, n’attends pas d’entendre les cris et les râles, n’attends pas de voir le sang rougir la neige, n’attends pas d’avoir mal aux oreilles à cause des vibrations d’un silence glacé.

Maîtrise les mots.

Refrène ces impulsions qui te poussent à répondre durement, souvent trop durement, même si tu penses que tu le dois. Ce faisant, tu pratiqueras la plus belle des vertus, celle qui illumine les ténèbres épaisses, celle qui apporte le réconfort, celle qui adoucit la peine des cœurs meurtris, des corps malheureux et torturés, des espoirs perdus, celle qui apportera l’offrande divine à la confiance inébranlable :

la charité.

Raphaël Archange
médium : marcelle olivério
extrait du livre Ephphata