|
|
Avant-Propos
C'est l'histoire
vraie du Curé d'Ars, un tout
petit village de France.
Tu découvriras pourquoi cet homme s'est fait prêtre,
combien il aimait les hommes, tous les hommes parce qu'il
aimait Dieu de tout son cur, de toute âme, de
toutes ses forces.
Par-delà la vie du Curé d'Ars, tu essaieras
de comprendre comment certains hommes ou femmes vivent une
vie d'amour qui les poussent à aider les autres,
à leur faire connaître la vie d'êtres
exceptionnels pour qu'ils te servent d'exemple, de modèle,
afin de mieux te faire comprendre Dieu et son amour infini
Pour que tu sois heureux en aimant Dieu,
Pour tu connaisses la route à suivre,
Pour taider à réussir ta vie sur la
Terre
en te rappelant toujours, comme le disaient
les Anciens : « On n'est pas d'ici !
»
Dans la vie du Curé d'Ars, tu pourras y deviner le
Christ
avec quelques limites cependant : par exemple,
la mortification volontaire ou le luxe de certains habits
sacerdotaux et objets liturgiques
que Jésus
n'a jamais encouragé, au contraire
|
|
|
La
rencontre
|
|
|
Une
lourde carriole s'avance lentement à travers une
brume épaisse qui noie l'horizon et rend l'orientation
très difficile
|
|
|
« Mon petit, pourrais-tu m'indiquer la route
d'Ars ?
»
|
|
|
L'enfant continue à regarder le prêtre avec
curiosité et franchise
|
|
|
|
|
|
La
petite enfance
|
|
|
Ce
prêtre s'appelle Jean-Marie Vianney
|
|
|
Très tôt, sa maman lui apprend à aimer
Dieu : elle lui montre les croix, les statues de Notre-Dame
|
|
|
Il trottine auprès de sa maman qui lui apprend à
balbutier le « Notre Père » et le «
Je vous salue, Marie
»
|
|
|
On
ne se contente pas de leur donner un morceau de pain au
seuil de la maison
|
|
|
Aux veillées, près de la cheminée,
il a certainement entendu son père parler de l'hôte
étrange accueilli 20 ans plus tôt
|
|
|
En grandissant, Jean-Marie prend une part plus active à
la vie de la ferme
|
|
|
Parfois,
le ton monte, et l'orage gronde entre le frère et
la sur
|
|
|
Un soir, Jean-Marie ne rentre pas. Sa mère, très
inquiète, finit par le trouver dans l'étable,
à genoux entre deux vaches
|
|
|
« Dis, maman, emmène-moi. »
Et l'on voit souvent, à l'église, l'un près
de l'autre, notre bonhomme de quatre ans et sa mère
|
|
|
|
|
|
La
révolution éclate
|
|
|
Mais la Révolution éclate et les prêtres
qui veulent rester fidèles à l'Eglise sont
obligés de se cacher, sinon, ils sont arrêtés
et guillotinés
|
|
|
bien souvent la marche est longue. Arrivés
au lieu de la réunion, le prêtre, vêtu
comme les gens du pays, les accueille avec une grande joie.
|
|
|
Cependant, la Terreur continue. Les croix des chemins sont
abattues et brisées ; les gens doivent cacher leurs
crucifix, leurs statues ;
|
|
|
En arrivant, sa sur et lui s'agenouillent, offrent
à Dieu leur travail de pastoureaux. Puis ils prennent
leurs aiguilles et leur laine à tricoter
|
|
|
Il place sa statue dans le trou d'un vieux saule à
moitié pourri, la décore de mousse et de fleurs,
puis, à genoux, il récite son chapelet
|
|
|
Quel
spectacle que ces enfants récitant le chapelet et
chantant des cantiques, derrière une pauvre croix
faite de deux bois, alors que les églises sont fermées,
les processions interdites !
|
|
|
Jean-Marie
se retrouve avec la même équipe d'enfants pour
jouer, surtout aux palets où il est très adroit.
|
|
|
Il s'applique de tout son cur, et ses progrès
sont si rapides qu'au bout de quelques semaines il peut
lire à haute voix les vies de saints aux veillées
familiales.
|
|
|
|
|
|
Première
communion dans la clandestinité
|
|
|
Et
là, au pied de l'horloge, il fait une première
confession qui émerveille le prêtre.
|
|
|
Jean-Marie
suit avec une grande ferveur la retraite qui précède
le grand jour.
|
|
|
Malheureusement,
la persécution a repris. Le Pape Pie VI est prisonnier
en France, des centaines de prêtres meurent sur les
pontons de Rochefort
|
|
|
Les
volets sont bien clos pour que la lumière des cierges
ne soient pas aperçus du dehors.
|
|
|
Désormais, il devra se consacrer tout entier aux
travaux des champs et à l'entretien de la ferme.
|
|
|
|
|
|
Les
travaux des champs
|
|
|
travaux pénibles pour un gars de 13 ans ; mais
Jean-Marie est plein de courage
|
|
|
« Que c'est
beau d'offrir ses souffrances à Dieu, » dira-t-il
souvent plus tard à ses paroissiens
|
|
|
Il
continue à travailler ainsi, en silence, louant Dieu
à travers toutes ses créatures
|
|
|
L'Eglise
retrouve enfin la paix après dix années de
troubles. L'abbé Rey, ancien curé de Dardilly,
revient d'exil et reprend sa place au village. Un soir
|
|
|
Le
soir, après ses harassantes journées de travail,
il prend l'un d'eux et se met à lire et à
prier, faiblement éclairé par une chandelle
de résine
|
|
|
|
|
|
Jean-Marie
veut devenir prêtre
|
|
|
Il
sent grandir en lui le désir d'être prêtre
|
|
|
Mais le père reste inflexible. Ni les raisons données
par le jeune homme, ni les supplications de la maman n'ont
d'effet sur sa décision
|
|
|
L'épreuve dure près de deux ans. Jean-Marie
se tait douloureusement, continue son travail avec autant
d'amour, mais il ne démord pas de son idée
|
|
|
Elles insistent, le supplient de consentir au moins à
voir le jeune homme. Le curé accepte et Jean-Marie
vient avec sa mère
|
|
|
Il y a bien longtemps déjà qu'il a quitté
l'école, et sa mémoire s'est rouillée
|
|
|
Il lui donne une gifle en présence des autres élèves.
Jean-Marie se met humblement à genoux devant lui
et lui demande pardon
|
|
|
|
|
|
Sur
la route de La Louvesc
|
|
|
Mais
le latin n'entre toujours pas
|
|
|
Jean-Marie part, mendiant son pain, mal accueilli dans beaucoup
de fermes. Mangeant des herbes, buvant l'eau des sources,
dormant à la belle étoile, il parvint à
La Louvesc
|
|
|
Jean-Marie veut être, comme Jean-Baptiste, l'humble
serviteur qui prépare les âmes à rencontrer
et à accueillir Dieu dans leur vie
|
|
|
|
|
|
Un séjour dans les montagnes
|
|
|
Les futurs
prêtres étaient dispensés du service
militaire dans le diocèse de Lyon, et Jean-Marie
était convoqué à tort. Mais rien n'y
fait, il doit partir et laisser en plan toutes ses études
!
|
|
|
Il retombe malade. A peine convalescent, il apprend qu'il
doit partir le lendemain
|
|
|
Il restera environ un an dans ce village chez Claudine Fayot,
femme généreuse, travailleuse, prête
à accueillir tous les malheureux
|
|
|
Il arrive à
Dardilly juste pour revoir sa mère. Usée par
tant d'épreuves, elle meurt quelques semaines après,
âgée de 58 ans
|
|
|
|
|
|
En
route vers le sacerdoce
|
|
|
Désormais
il loge à la cure, faisant fonction de jardinier
pendant les récréations, de sacristain et
d'enfant de chur à l'église
|
|
|
« A Verrières, » dira-t-il plus tard,
« j'ai eu un peu à souffrir. »
|
|
|
Au bout de
six mois, on lui dit qu'on ne peut le garder. Quelle souffrance
pour Jean-Marie ! Que devenir ?
|
|
|
Mais, devant les examinateurs, Jean-Marie perd la tête
et répond tout de travers, les laissant perplexes
sur la décision à prendre
|
|
|
Mais à ceux qui s'excusent de l'avoir dérangé
pour un seul ordinand, l'évêque répond
:
« Ce n'est pas trop de peine pour ordonné
un bon prêtre. »
|
|
|
Jean-Marie est
prêtre grâce à sa mère, grâce
au curé d'Ecully, et surtout grâce à
Dieu qui l'a soutenu, aidé, guidé à
travers tout
|
|
|
|
|
|
Vicaire
à Ecully
|
|
|
Le jeune vicaire
n'a rien à lui. Tout est distribué aux pauvres,
jusqu'aux vêtements neufs qu'on lui offre et qu'il
offre à son tour aux miséreux
|
|
|
Le regard grave de la jeune fille, son sourire bienveillant
lui font comprendre qu'il se trouve en face d'une âme
forte
|
|
|
L'abbé Vianney perdait ainsi ce prêtre qui
l'avait soutenu et lui avait montré par son exemple
la route à suivre pour devenir un prêtre exemplaire
|
|
|
«
Oui, vous êtes nommé curé d'Ars, dans
les Dombes. Elle n'est pas riche, la paroisse, Monsieur
l'abbé
»
|
|
|
|
|
|
Jean-Marie
à Ars
|
|
|
Il se met
à genoux et, inspiré par Dieu, murmure : «
Cette paroisse ne pourra contenir tous ceux qui plus tard
y viendront
»
|
|
|
La foi a baissé dans l'ensemble du pays, même
si elle reste bien vivante dans certaines familles
|
|
|
Et le curé rentre chez lui, heureux de s'être
dépouillé de toutes ses richesses
|
|
|
Il n'a pas grande
mine, leur prêtre, avec son allure un peu gauche,
sa taille médiocre, sa soutane usée et ses
gros souliers ferrés
|
|
|
il y avait, à
Ars, bien des gens qui étaient loin de vivre comme
Dieu le souhaitait ; enfin, on ne voulait pas en savoir
trop long afin de n'avoir pas d'effort à faire pour
mieux servir Dieu
|
|
|
Le
nouveau curé se met avec cur à son unique
tâche : convertir sa paroisse.
Mais comment ?
|
|
|
Il donne son
matelas aux pauvres ; bientôt le lit y passe aussi
|
|
|
Le matin, il se contente d'un bout de pain
quand il
n'oublie pas carrément de manger
|
|
|
« je voulais m'en débarrasser parce qu'ils
font du dommage aux voisins, mais il ne fallait pas les
faire cuire ! » Il refuse d 'en manger
|
|
|
«
J'obtenais du bon Dieu tout ce que je voulais pour moi,
comme pour les autres », avouera-t-il à l'un
de ses amis
|
|
|
L'ancien
maître-autel en bois est remplacé par un neuf,
que le curé paie lui même
|
|
|
Si
tu vas à Ars, tu verras encore tous les ornements
que Monsieur Vianney acheta pour son église
|
|
|
Peu
à peu, c'est toute la petite église qui se
transforme, tant est grand l'amour du curé pour la
maison du bon Dieu
|
|
|
Un jour, il
doit verser 500 francs (grosse somme à cette époque)
au menuisier. Il n'a pas le premier sou.
Une femme l'aborde dans la rue
|
|
|
Le généreux donateur fait aussi transformer
l'entrée de l'église, en remplaçant
l'escalier en colimaçon par un perron précédé
de deux larges rampes. Mais Dieu le demandait-il ?
|
|
|
« Que c'est beau, s'écriait l'abbé
Vianney, mais au Ciel, tout est plus beau encore
»
|
|
|
|
|
|
Catéchiste
et prédicateur
|
|
|
«
Pour L'aimer, » dit-il, « il faut qu'ils Le
connaissent
»
|
|
|
Comme
les enfants vont à l'école l'hiver, il décide
de faire le catéchisme le matin à six heures
|
|
|
« Il nous fait vivre Dieu », dira plus tard
l'un de ses fidèles auditeurs.
|
|
|
et,
debout, se met à griffonner des pages et des pages
certains jours il y consacrera sept heures d'affilée
|
|
|
Quand il n'en
peut plus, il s'assied par terre, le dos appuyé à
un meuble, et s'endort quelques instants avant de recommencer
un travail de mémoire
|
|
|
« C'est que, lorsque je prêche, je parle
à des sourds », dira-t-il, « mais quand
je prie, je parle au bon Dieu qui n'est pas sourd, Lui.
»
|
|
|
|
|
|
Contre
le péché
|
|
|
« Le cabaret, » disait le curé, «
c'est le lieu où les ménages se ruinent, où
les santés s'altèrent, où les disputes
commencent et où les meurtres se commettent. »
|
|
|
Au bout de quelques
années, les cabarets sont fermés et remplacés
par des hôtels pour les pèlerins
|
|
|
L'abbé
Vianney s'attaque également au travail du dimanche.
« Ce jour là, » dit-il, «
c'est le bien du bon Dieu, c'est son jour à Lui,
le jour du Seigneur ! »
|
|
|
C'est
ainsi qu'un dimanche, le curé voit venir dans sa
direction une voiture de gerbes, mais pas de conducteur
|
|
|
Une
autre habitude contre laquelle le curé d'Ars lutte
avec acharnement est le bal.
|
|
|
Le Curé
ne peut supporter le moindre péché :
« Cela fait tellement de peine à Dieu
»
|
|
|
Peu à peu Ars se transforme
|
|
|
Parmi ces hommes, il y en avait un, Louis Chaffangeon, dont
le curé aimait à raconter l'histoire au catéchisme
|
|
|
L'abbé Vianney
se sent exténué, et demande son changement
à l'évêque de Belley
|
|
|
Inutile
de dire la joie des habitants qui aiment de plus en plus
leur curé
|
|
|
14-
Cependant son apostolat sévère ne va pas sans
difficultés. Certains se rebellent contre ses exigences,
le calomnient, le couvre d'injures
|
|
|
Ces
mensonges sont d'ailleurs le fait d'un petit nombre. La
plupart des paroissiens, au contraire, retrouvent le chemin
qui conduit à Dieu
|
|
|
|
|
|
Bâtisseur
d'écoles
|
|
|
Quand l'abbé
Vianney était arrivé à Ars, il n'y
avait pas d'école au vrai sens du mot. Aussi se met-il
aussitôt à l'ouvrage
|
|
|
Mais il y a des orphelines. Lui-même s'attelle au
travail : il apporte des pierres, transporte le mortier
|
|
|
Les orphelines affluent rapidement ;
« Mais, Monsieur le Curé, il n'y a plus
de lit
»
« Allons, il y a le vôtre. »
|
|
|
Un jour, il ne
reste presque plus de farine.
« Priez, répond-il, et faites votre
pain. » A mesure qu'elle pétrit la pâte,
celle-ci gonfle, jusqu'au moment où le pétrin
est plein !
|
|
|
La
« Providence » est, un jour, témoin d'un
autre miracle
|
|
|
Par
l'entrebâillement de la porte, voici que le blé
commence à couler, un blé qui n'a pas la même
teinte que l'ancien
|
|
|
Le
blé couvre tout le plancher, au point que l'on peut
se demander comment les poutres vermoulues n'ont pas cédé
sous le poids
|
|
|
En même
temps il redonne courage aux jeunes filles qui ont accepté
la lourde charge de l'orphelinat
|
|
|
Elles s'exercent à coudre, à repriser les
vêtements, à tricoter, à laver, à
repasser, quelques-unes s'initient même au rouet et
à la quenouille
|
|
|
|
libre
de droits à condition d'en préciser la source
|
|
|